24 mars 2006

Jeudi 23 mars : la jeunesse dressée contre le régime

Supplément du 23 mars 2006 à la Lettre de Liaisons n° 170
Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire. Jean Jaurès.


Jeudi 23 mars : la jeunesse dressée contre le régime.

La réalité, en ce jeudi 23 mars, ce sont 500 000 jeunes -oui ces chiffres sont vrais, ils tiennent compte des dizaines et dizaines de petites manifestations dans de petites localités- dans la rue contre le gouvernement, exprimant le rejet total de ceux qui rejettent totalement leur vie.
Cette journée a été voulue par les étudiants, par leur coordination, volonté reprise par les organisations étudiantes, et suivie par de nombreux syndicalistes, unions et sections locales.
Le centre de cette journée, le sens du mouvement, c'était un poing brandi contre le pouvoir. A Lyon 3000 jeunes n'ont pu prendre le train pour monter à Paris. La manifestation parisienne se dirigeait sur l'Assemblée nationale et sur Matignon.

La jeunesse a montré la voie : pour vaincre, c'est ainsi qu'il aurait fallu, c'est ainsi qu'il faudra procéder avec les salariés. Mais l'autre leçon de cette journée importante, c'est qu'on a voulu que la jeunesse soit toute seule.

Jeudi 23 mars : casse et "dialogue" en tenaille contre la jeunesse et contre la classe ouvrière.

Place des Invalides et avant même, plusieurs centaines de "casseurs" -mélange de jeunes désaxés, de bandes lumpen organisées, et de groupes parapoliciers louches- ont pu s'infiltrer dans la manifestation et l'attaquer de l'intérieur.

Alors que les provocations et initiatives intempestives de la police n'ont pas manqué ces derniers jours, l'infiltration dans la manif a été permise et protégée, aprés quoi les CRS se sont disposés en nasse pour que les manifestants soient pris au piège (voir ci-dessous le communiqué du MJS).

Des faits similaires se sont produits dans plusieurs villes de province.
C'est la méthode qui fut appliquée pour faucher le mouvement des lycéens contre la loi Fillon en mars 2005. Ce n'est pas un hasard si elle a été concentrée contre la manifestation, de portée nationale, des étudiants et lycéens parisiens contre l'Assemblée nationale et Matingnon.
Où étaient les organisations ouvrières ? Où était, par exemple, le SO de FO 75 qui, pour la journée moins importante du 16 mars, s'était ostensiblement porté aux côtés de la manifestation étudiante ?

Les organisations ouvrières avaient laché le mouvement de la jeunesse, parce que celui-ci se centralise directement contre le pouvoir et ne craint pas, lui, de le chasser.

Au même moment M. De Villepin écrivait aux confédérations et faisait écrire aux organisations étudiantes et lycéennes par M. De Robien. Il les invite à discuter de tout, à n'importe quel moment. Discuter de tout : mais ils ne retirent pas le CPE et le CNE.

Dans ces conditions la seule attitude conforme à la volonté de la jeunesse et des travailleurs est celle qu'a adopté l'UNEF : ne pas y aller.

Les directions CGT, FO, CFDT, et la CFTC et la CGC ont décidé d'y aller demain aprés-midi. Alors que le seul but de Villepin, et de Chirac derrière lui, c'est d'ouvrir une brèche dans le front commun de la jeunesse, des travailleurs et de leurs organisations pour le retrait du CPE.
Dans l'aprés-midi, les organisations de la CGT recevaient un fax de Montreuil présentant cette décision comme l'amorce d'un recul -un "bougé", comme on dit en langue de bois. Ce fax parle des "discussions qui peuvent s'ouvrir" en annonçant que la CGT exigera que les organisations de jeunes y soient associées, alors que celles-ci ont commencé à refuser d'y aller. Il y est également demandé de veiller à ce que "dans les manifestations, les mots d'ordre restent axés sur le CPE, les questions de précarité, d'emplois, de salaires,sans déborder sur des contenus politiques."

Les mots d'ordre des manifestants sont à la fois trés solidement calés sur le retrait du CPE et du CNE (le CNE est oublié dans ce fax ...) et trés politiques. Les mots-d'ordre des manifestants tendent naturellement à un mot-d'ordre commun :

CPE, CNE, Chirac-Villepin-Sarko : RETRAIT !

La voie du débouché : l'organisation.

Des millions de femmes et d'hommes vivent une nouvelle expérience importante. Ils voient que pour gagner, il faut s'organiser eux-mêmes, en intégrant d'ailleurs leurs syndicats à cette organisation.
Il y a ce soir des dizaines de lycées bloqués -par la méthode ouvrière du piquet de grève reprise en masse par la jeunesse- ou occupés, en plus qu'il n'y en avait hier.
Il y a ce soir des millions de travailleurs qui approuvent leurs enfants, qui veulent les protéger, qui veulent aller avec eux.
Alors, ni casse ni "dialogue" : RETRAIT !

Le 28 mars, TOUS EN GREVE !

Document : communiqué du MJS.

En ce moment même : Pris au piège les étudiants parisiens se font tabasser par des casseurs sous les yeux des CRS
Par Mouvement des jeunes socialistes, jeudi 23 mars 2006 à 18:23

C'est parce que la place des Invalides est un lieu qui permet une dispersion rapide des manifestants que les organisateurs de la mobilisation d'aujourd'hui à Paris l'ont choisi.

Pourtant, et de mémoire de manifestants, ça ne s'est jamais vu, les forces de l'ordre ont barré toutes les artères qui devaient assurer la dispersion rapide de la foule.
Les manifestants pacifiques se sont retrouvés pris au piège alors que plus d’une centaine de casseurs cagoulés s'en sont violemment pris à eux.

Le Mouvement des jeunes socialistes, sur place a été pris à partie et témoin d’un spectacle ahurissant : Des manifestants, en pleurs réclamaient de l’aide aux forces de police qui restaient totalement impassibles !

Le Mouvement des jeunes socialistes dénonce vigoureusement le jeu inqualifiable auquel s'adonne le Gouvernement qui par les moyens les plus abjects cherche à faire renoncer les contestataires. Nous réclamons des explications du ministère de l’intérieur sur les consignes de non assistance à personne en dangers ordonnées aux policiers.

Cette manoeuvre écoeurante n'a échappé à aucune des personnes sur place et au lieu de nous faire abandonner le terrain, nous convainc davantage du cynisme d'un Gouvernement qui, le dos au mur, est en train de perdre totalement les pédales.
Si un drame devait être révélé à l’issue de cette embuscade, le Gouvernement et son ministre de l’intérieur en porterait toute la responsabilité.

Aucun commentaire: