10 décembre 2007

Motion des sections CGT de 7 dépôts de bus parisiens.

Sections CGT des dépôts de bus RATP de Croix-Nivert, Point-du-Jour, Flandre, Saint-Maur, Thiais, Charlebourg, Bords de Marne

Lettre ouverte aux directions syndicales de la CGT-Bus, de l'Union CGT-RATP, de la Fédération des Transports CGT, de la Confédération CGT, vendredi 7 décembre 2007

La CGT doit sortir du piege des négociations!
Nous n'appelons pas à la grève du 12 décembre.

Les agents de la RATP ont fait dix jours de grève sur un objectif clair : refuser la casse de leur régime de retraite voulue par le gouvernement. Précisément contre quatre points fondamentaux, tous inacceptables :

- La remise en cause des 37,5 annuités de durée de cotisation
- l'instauration d'une décote
- l'instauration d'un double statut et la remise en cause de la prise en compte de la pénibilité et des contraintes de service public
- l'indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires.

Cette position est celle qui a été actée par notre syndicat CGT-Bus à son congrés le 16 octobre. Elle a été réaffirmée par l'Union syndicale CGT-RATP le 24 octobre lors de sa rencontre avec X.Bertrand. Elle reste plus que jamais la nôtre.

Suite à l'acceptation par les organisations syndicales de participer aux négociations, la gréve a été suspendue à partir du 23 novembre. Nous rappelons que la CE de notre syndicat avait rejeté le principe des négociations « tripartites », entreprise par entreprise.

Le haut niveau de conscience des enjeux, le rapport de forces et la détermination des salariés à s'opposer à la « réforme » sont demeurés intacts. Les grévistes dans les assemblées générales, en premier lieu les militants et les syndiqués CGT, n'ont pas donné de mandat à leurs directions syndicales pour négocier sous les conditions du gouvernement.

Au bout de quatre journées de négociations un constat s'impose : le gouvernement et la direction de l'entreprise refusent de modifier le cadre de leur contre-réforme. Les représentants de la CGT le reconnaissent eux-mêmes.

Il est aujourd'hui de la responsabilité de la CGT et de toutes ses organisations de déjouer le piège des « négociations ». C'est pourquoi nous désapprouvons totalement la stratégie des directions à qui s'adresse cette lettre.

- Continuer à négocier des points annexes, revient à entériner cette contre-réforme, à accepter la mise à mort de notre régime spécial.
- Appeler à reprendre la grève, sur une seule journée, le 12 décembre pour « faire pression » sur les détails et les modalités de la casse de nos retraites, c'est irresponsable devant les agents. C'est aller complètement à l'encontre de ce pourquoi nous avons fait grève pendant dix jours. Sur cette base, nous rejetons le texte du préaavis de grève, d'autant plus que la CE de notre syndicat, organe dirigeant statutaire, n'a même pas été consultée.

Depuis le départ, les positionnements des directions syndicales de bus, de l'Union, de la fédération et de la confédération ont suscité du déssarroi et de la colère parmi les syndiqués et les salariés en général, notamment depuis la proposition de la tenue de « négociations tripartites ».
Comment ne pas voir le calcul de Sarkozy pour diviser le mouvement entreprise par entreprise ? Depuis quand la négociation est-elle devenue une revendication en soi ?

Les syndiqués, les agents ont le sentiment d'avoir été trahis.

Il est temps de corriger le tir ! La situation nous l'impose. La CGT, syndicat largement majoritaire, avec tout ce qu'elle représente dans nos entreprises, a un rôle majeur, historique à jouer contre une attaque historique contre nos services publics, contre l'ensemble des acquis sociaux des salariés de notre pays.

Nous savons tous quel est le but du gouvernement. La fin de notre régime spécial vise à faire sauter un verrou à la mise en concurrence et à la privatisation, à lever un obstacle à la suite du démantellement de l'ensemble du système de retraite solidaire par répartition.
Le 18 octobre, les agents de la RATP à 70%, ceux de la SNCF à 80%, ceux d'EDF-GDF à 60% ont fait grève pour s'y opposer. Le 20 novembre, la manifestation interprofessionnelle a montré le développement des convergences de lutte avec des salariés d'autres secteurs comme avec les étudiants. Malgrè une pression médiatique sans précédent, le pouvoir n'a pas réussi non plus à retourner l'opinion publique contre le mouvement.

Nous demandons aux directions auxquelles s'adresse cette lettre :

- de quitter les pseudo négociations ;
- d'examiner les conditions de la reprise du mouvement pour faire capoter le projet de casse de notre régime de retraite.
- de faire le lien déterminant entre cette lutte cruciale et celles des salariés des autres secteurs.

Nous nous engageons pour notre part à informer les syndiqués de notre démarche, à informer l'ensemble des salariés de nos dépôts de l'évolution de la lutte, à maintenir et développer le rapport de forces. La CGT appartient à ses adhérents !

02 décembre 2007

Billet du jour du N°5 de Militant-Lettre de liaison

POUVOIR D'ACHAT ?

INSECURITE GENERALISEE, FACS PRIVATISEES, RETRAITES MISEREUX, SANS-PAPIERS POURCHASSES, TEMPS DE TRAVAIL ILLIMITE :

NON AU PROGRAMME DE SARKOZY !

NOTRE PROGRAMME ? SIMPLE !

HAUSSE DES SALAIRES, RETRAITES, PENSIONS ET MINIMA SOCIAUX.

BLOCAGE DES LOYERS.

MAXIMUM SUR LES PRIX DES PRODUITS DE PREMIERE NECESSITE.

DE VRAIES RETRAITES : 37,5 ANNUITES POUR TOUS.

Il nous faudrait un gouvernement à nous pour le mettre en oeuvre, et pour cela une représentation politique à nous.

Ce programme élémentaire, ce n'est pas la révolution. Mais s'il faut faire la révolution pour le mettre en oeuvre ...

Ce billet est extrait du numéro 5 du 2 décembre 2007 du bulletin Militant-Lettre de liaison, qui résulte de la fusion des comités de rédaction du Militant et de La Lettre de Liaisons.

Vous pouvez trouver cette publication sur le site du Militant

02 novembre 2007

Pendant ce temps là, la très charitable ...

Pendant ce temps là, face au mouvement des sans-logis ou mal-logés, la très charitable Christine Boutin, ministre du logement mais pas de la compassion, déclare être "déterminée à ne pas tolérer que des campements s'installent dans Paris".

Visiblement sa détermination l'amène, à défaut de réquisitionner les logements vides, à occuper le champ médiatique d'une façon qui provoque la juste réaction du SNJ-CGT.



Un communiqué du SNJ-CGT : La France malade de son information baillonée

France 5 doit des explications et des excuses à propos des « incidents » qui ont émaillé l’émission « Revu et corrigé », présentée par Paul Amar.

Pour débattre du sujet des mal logés, les journalistes de l’émission avaient invité la ministre en charge du dossier, Christine Boutin, et Jean-Baptiste Eyraud du DAL.

La ministre aurait exigé le retrait du militant associatif et c’est Florence Aubenas qui a posé la question de son absence sur le plateau. La gène de Paul Amar et, surtout, de la ministre était visible.

Il est hautement symbolique qu’une émission de décryptage des médias, sur une chaîne de service public soit le théâtre d’un tel acte de censure.

Le SNJ-CGT demande que toutes les explications soient fournies aux téléspectateurs et que le CSA condamne les interventions intempestives de ministres sur le contenu de l’information.

On remarquera que cet acte s’est produit le jour où le président de la République a provoqué un autre incident sur la chaîne américaine CBS, quittant le plateau parce qu’une question lui déplaisait. Il est vrai que Nicolas Sarkozy, ami de tous les patrons de presse, a l’habitude d’avoir des journalistes complaisants face à lui.

Pour le SNJ-CGT, ces deux faits sont les dernières manifestations du malaise de l’information en France. Le syndicat appelle les journalistes à entrer en résistance et à participer aux manifestations prévues le 5 novembre (dans toute l’Europe) pour un journalisme de qualité.
Montreuil le 29 octobre 2007

Source : http://www.snj.cgt.fr/

Zozos, branquignols ...barbouzes ?

Petit à petit, miette après miette, le puzzle de l'affaire de l'Arche de Noé commence à dévoiler des faits à défaut de révéler l'entière vérité. Pour l'instant, on en est au stade des questions et des hypothèses.

1) D'abord, on a cette étrange ONG qui "agit clandestinement" selon Yama Rade, au point de solliciter (et d'obtenir !) des entrevues dans les ministères. Au point aussi de recevoir des mises en garde ministèrielles, toujours selon Yama Rade. Mises en garde non suivies d'effet car le grand chef de cette ONG aurait agi tel un gourou borné.

2) Soupçons ou preuves de trafic d'enfants pour réseau pédophile (tiens, l'accusation semble tombée en route ...), vols d'organes, fraudes à l'adoption, infractions à la législation sur le séjour et l'accueil des étrangers : la moindre de ces infractions aurait du entrainer une action des autorités en France. Alors pourquoi avoir attendu le dernier moment pour filer l'info aux autorités tchadiennes qui ont arrêté les membres de l'équipée sur le point de remplir l'avion d'un premier convoi d'enfants ? Pourquoi avoir laissé l'opération avancer jusqu'au point où des dizaines de familles d'accueil étaient rassemblées à l'aéroport de Vatry pour réceptionner des enfants (on les a vues à la télé, désapointées..) ?

3) L'ONG a joué sur une double identité. Le label "Arche de Zoé" en France, le sigle "Children Rescue" au Tchad. Et ce simple subterfuge aurait suffi à obtenir malgré tout une aide logistique de l'armée française. Merveilleuse armée française qui apporte sa modeste contribution à une ONG censée recevoir des mises en garde ministèrielles à Paris ! Bizare que dans une zone de tension, de conflit, où ces derniers mois l'armée française a été engagée dans des actions de soutien militaire au pouvoir tchadien, où la rivalité entre grandes puisssances autour de la crise du Darfour se joue aussi avec la panoplie complète des agents et des agences, il n'y ait pas de service de renseignements observant tout ce qui s'agite sous le soleil ...

4) Libération du 2 novembre écrit : "
Ce dernier [Idriss Déby] a aussi évoqué une complicité locale en s’étonnant, sur RFI, que le Boeing affrété par l’ONG ait eu la permission d’atterrir à l’aéroport d’Abéché, dont la piste est trop courte."
Or qui controle l'aéroport d'Abéché ? Qui a réalisé l'extension de la piste nécessaire à l'atterrissage du Boeing loué par Children Rescue/Arche de Zoé ?

De là à imaginer un sérieux problème de souveraineté du Tchad sur cette province... De là à se demander si les autorités tchadiennes n'ont pas fait preuve d'un zéle policier très large en arrêtant tous les protagonistes directs ou indirects de l'affaire (membres de l'ONG, journalistes, équipage de l'avion) justement parce qu'elles n'arrivaient pas à savoir qui était qui, et qui faisait quoi...dans ce qui est devenu un protectorat français.

5) Et Kouchner ? Avez-vous vu Kouchner ? D'habitude, l'humanitaire, c'est son domaine. Pourquoi Kouchner est-il absent et silencieux ? Pourtant, il bosse sur la mise en place de la grande Euroforce dirigée par la France qui est censée prendre position à coté du Darfour...

En attendant, les reportages sur l'origine des enfants regroupés par l'ONG sont édifiants sur la misère des populations locales. Ils montrent des parents qui n'hésitent pas trop pour faire le choix : entre l'incertitude de l'inconnu avec un maigre espoir d'aller dans une école et la certitude d'un sort quotidien misérable, la réalité fait pencher la balance d'une façon nette.

C'est aussi cela le bilan de la Françafrique. Plus de 40 ans après les indépendances, les anciennes colonies restent dans un état de dépendance politique et économique qui poussent les populations locales à tenter toutes les solutions, au risque de perdre ses enfants, au risque de perdre sa vie en affrontant les dangers du désert et des mers.

01 novembre 2007

Affaire "Arche de Zoe" : le communiqué de la FIJ

La FIJ interpelle le Tchad à propos des journalistes impliqués dans l’affaire des “enfants enlevés”

30/10/2007

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a appelé aujourd’hui les autorités Tchadiennes à libérer les journalistes qui sont accusés d’enlèvement d’enfants en compagnie des membres d’une ONG française qui opérait au Darfour et au Tchad.

« Quels que soient les accusations portées contre les membre de cette organisation qui projetait de déplacer des enfants, les journalistes qui travaillaient sur ce sujet ne peuvent pas être considérés comme des complices » a déclaré le secrétaire général de la FIJ Aidan White. « Ils ne sont que des observateurs ; ils doivent être libérés immédiatement et blanchis de toute accusation ».

L’affaire concerne un groupe français appelé “l’Arche de Zoé”, qui déclare vouloir aider les enfants mais pas les enlever. Ses membres tentaient de quitter le Tchad avec 103 enfants originaires du Darfour pour les emmener dans des familles d’accueil en France. Le gouvernement français a condamné ces opérations et son ambassadeur a déclaré que les personnes impliquées allaient être traduites en justice au Tchad.

Deux journalistes qui couvraient les activités de l’Arche de Zoé au Tchad ont été accusés en même temps que les membres de l’association. Une troisième journaliste qui se trouvait dans le groupe pour des raisons personnelles a également été mise en accusation. En tout neuf ressortissants français ont été accusés d’enlèvement d’enfants. Sept espagnols qui travaillaient pour la compagnie aérienne chargée du transport des enfants ont également été accusés de complicité.

La FIJ et deux de ses membres français, le SNJ et le SNJ-CGT, estime que les journalistes qui couvraient ces évènements étaient protégés par le droit international et ne devraient pas être mis en accusation.

« C’est une grave erreur de confondre le travail des journalistes avec le sujet de leurs reportages », a déclaré M. White. «Nous demandons aux autorités tchadiennes de lever les accusations contre les journalistes qui couvraient les activités de l’Arche de Zoé pour des raisons professionnelles et de les libérer immédiatement ».

La FIJ représente plus de 600,000 journaliste dans 114 pays dans le monde.

Source : http://www.ifj.org/default.asp?Index=5434&Language=FR

Notre commentaire :

Pourquoi a-t-il fallu une semaine pour que le gouvernement français commence à dissocier le cas des journalistes de celui des membres de l'ONG "Arche de Zoé" ?

Pourquoi a-t-il suivi le gouvernement tchadien dans l'amalgame entre toutes les personnes arrêtées à Abéché ?

Parce qu'il était essentiel de cacher certaines choses dans cette affaire ?


21 octobre 2007

Quelques images de la manif du 20 octobre à Paris

Quelques images de la manifestation contre les expulsions, contre la loi Hortefeux et pour la régularisation des sans-papiers du 20 octobre 2007 à Belleville (Paris 20ème) prises dans le cortège du Militant.

La leçon du 18 octobre

La leçon du 18 octobre :

Branche par branche, nous serons défaits.

Tous ensemble, nous déferons Sarkozy !

Ce jeudi 18 octobre s'est produit la plus grande grève des cheminots, électriciens, gaziers et agents de la RATP que l'on ait vue depuis longtemps, les taux officiels de grévistes ayant dépassé ceux de 1995 et l'encadrement s'étant en grande partie joint à la grève. Cette force s'est appuyée sur le mouvement des militants syndicaux, sections locales et départementales, qui, contre les consignes venues des directions nationales, ont voulu faire du 18 octobre non pas une journée sectorielle des seuls "régimes spéciaux", mais le premier affrontement social national du salariat avec Sarkozy -condition absolue pour que le combat en défense des régimes dits spéciaux puisse être mené.

Ils y sont parvenus, et ont donc réalisé aussi une journée de manifestations de grande ampleur, malgré les obstacles mis sur leur route :

-volonté acharnée d'enfermer la grève du 18, contre toute vérité, dans les cadres d'une grève sectorielle, conduisant à l'activisme anti-grève de certains responsables CFDT ou UNSA ;

-mais aussi consigne interne à la CGT de lâcher la revendication commune du retour au 37,5 annuités pour tous, opposant contre toute logique la revendication du droit à la retraite à taux plein à 60 ans aux 37,5 annuités, meilleur moyen de laisser Sarkozy isoler les cheminots, et n'ayons pas d'illusions, étape préalable vers l'abandon des 60 ans eux-mêmes, étape suivante de la reculade ;

-mais aussi déclaration de Bernard Thibault évitant soigneusement de ne jamais se prononcer sur le retrait de la "réforme" de Sarkozy et Fillon et demandant "que soit modifié le cadre de la réforme" ;

-mais aussi communiqué des fédérations de fonctionnaires du 1° octobre, décidant de ne pas appeler ensemble à la grève le 18, et, contre celle-ci, mettant en perspective une grève éventuelle de la seule fonction publique en novembre, et entraînant le refus de la FSU et de ses principaux syndicats nationaux d'appeler nationalement à la grève.

C'est donc sur un parcours véritablement semé d'embûches que des milliers de militants syndicaux, de larges secteurs de la classe ouvrière, se sont frayés un chemin vers le 18 octobre et ont fait de cette journée une mauvaise nouvelle pour Sarkozy.

Cette démonstration de force intervient dans une situation qui reste marquée par la victoire du capital que constitue l'élection de Sarkozy le 6 mai dernier. Les sondages sont bien entendu à prendre avec prudence, et l'on sait que la mobilisation du salariat, quand elle redonne une perspective à de larges couches de la société, fait toujours bouger les lignes ; mais il reste vrai que la possibilité, pour les médias, de produire des sondages hostiles à la grève des transports, dont ils ne manquent évidemment pas de souligner le contraste avec l'état d'esprit de l' "opinion publique" en 1995, est aussi un élément de la situation. Loin de devoir conduire les militants ouvriers à minorer leurs revendications, elle doit au contraire les pousser à expliquer, expliquer et encore expliquer, que branche par branche on n'y arrivera pas, et que c'est le droit commun de tous les salariés, actifs, chômeurs, retraités et en formation, qui sont la majorité, qui est la revendication commune, donc les 37,5 annuités pour tous et la retraite à taux plein à 60 ans, mais que cette revendication élémentaire, parfaitement réalisable eu égard aux richesses produites, heurte de front le système capitaliste et ses représentants et pose la question d'une perspective politique pour défaire Sarkozy et imposer un gouvernement et un régime réellement démocratiques, au service de cette majorité.

Notre rôle est donc avant tout de poursuivre et d'amplifier ce travail d'explication et d'organisation, en s'appuyant sur l'appel Le droit de grève n'est pas négociable ! et les comités formés sur sa base, en poursuivant les discussions qu'il permet d'avoir entre militants ouvriers, en amplifiant également la campagne pour l'abrogation de la loi Pécresse contre les étudiants. Le mouvement réel est ascendant, mais il ne peut que prendre son temps, car il mesure les obstacles, il cherche une issue politique que, pour l'heure, il n'a pas, et il fait suite à la l'élection de Sarkozy. Des accélérations de la lutte des classes sont toujours possibles mais le rôle des militants qui veulent aider leur classe à s'organiser pour construire l'issue politique n'est pas de pousser à l'accélération, qui aura lieu à un moment ou un autre, mais d'armer les travailleurs pour préparer la victoire dans cet affrontement. Et les armes sont politiques, elles passent par la conscience, la discussion, l'organisation.

C'est ainsi que la grève reconductible des cheminots à partir du 18 octobre n'était possible que sur la base d'une large extension de la grève à d'autres secteurs, d'un soutien actif de ces autres secteurs, hors de quoi il serait fou de s'imaginer que, comme les gouvernants anglais se préparant à la grève des mineurs au début des années 1980, le gouvernement et les patrons n'aient pas calculé leur action pour isoler et casser une grève reconductible. Soyons clairs : si elle a lieu, notre premier devoir sera d'appeler au soutien, à l'extension, au "tous sur les voies". Mais la masse des cheminots, indépendamment de la pression exercée par la direction de leur fédération CGT, sentait que les choses n'étaient pas suffisamment mûres. Beaucoup cependant souhaitaient tester, et il est très significatif et important que, de Sotteville les Rouen à Lyon Perrache, des AG de cheminots appelées par SUD-Rail et FO aient voté la reconduction dans la soirée et la nuit du 18 au 19. Il était justifié que les syndicats déposent des préavis reconductibles, comme l'ont fait de nombreuses sections CGT contre la consigne de leur fédération. Mais le test était justifié, la masse des cheminots ne pouvait qu'assez normalement être méfiante envers le plan du pouvoir de les isoler et se disposer plutôt à attendre la réunion de leurs directions fédérales prévue le lundi 22.

Dans la soirée du 18, le ministère des transports a en outre fait une concession aux seuls conducteurs de trains, en promettant, d'ailleurs sans véritables garanties, qu'ils partiraient en retraite à 55 ans (contre 50 ans actuellement) là où les autres cheminots seraient mis à 60 ans. Cette manoeuvre montre au passage que le problème pour le gouvernement n'est absolument pas le financement des retraites, ni l'abolition de prétendus privilèges catégoriels, mais uniquement l'enjeu politique et social de passer sur le corps des cheminots pour briser toute la classe ouvrière. Elle montre l'inanité de la tactique "branche par branche" poussée jusqu'à l'extrême, "métier par métier", par la FGAF, le syndicat autonome des conducteurs qui, prétendant avoir obtenu cette promesse, a appelé les conducteurs à la reprise. La direction de la fédération CGT peut à bon droit protester contre cette rupture de l'unité des cheminots, mais confiner le combat des cheminots dans la défense de leur "régime spécial" en l'isolant de la revendication commune du salariat de retour aux 37,5 annuités pour tous ne relève-t-il pas à une autre échelle de la même méthode ?

La grève reconductible des cheminots n'était et n'est concevable qu'étayée sur la mobilisation de toute la classe ouvrière. Or, celle-ci, répétons-le, prend son élan doucement, massivement. La perspective de l'affrontement central avec Sarkozy, qui est une question politique, pose à terme la question de la grève générale, mais c'est là un aboutissement et non une chose à organiser immédiatement. "Ce n'est pas la grève en masse qui nourrit la révolution [la lutte pour la lutte], c'est la révolution qui nourrit la grève en masse." (Rosa Luxembourg), c'est la perspective, l'organisation et l'explication politiques qui ouvrent la voie du combat.

Dans l'immédiat, une question importante doit être posée : si la loi anti-grève dans les transports terrestres qui doit s'appliquer au 1° janvier 2008 avait été en application ce 18 octobre et le lendemain, que se serait-il passé ? Ne la renvoyons surtout pas d'un revers de main en disant que la puissance de la grève aurait tout balayé. Car Sarkozy ne calcule pas ainsi : il prépare un affrontement ciblé, sectoriel, pour casser tel ou tel secteur -en l'occurrence les cheminots, ou les chauffeurs de cars. Le combat pour l'abrogation de la loi anti-grève dans les transports terrestres, parce que cette loi est une arme de l'Etat et des patrons, appelée à se généraliser à tous les secteurs s'ils y parviennent, est plus d'actualité que jamais.

Dans l'Allier, l'appel Le droit de grève n'est pas négociable !, présenté par un camarade agent de lycée, militant CGT, à une réunion organisée par le Conseil régional sur les transports ferroviaires, puis dans les manifestations montluçonaise et moulinoise du 18 octobre, a recueilli 142 signatures dont celles du député-maire apparenté PS d'Yzeure et Moulins, du secrétaire fédéral du PCF, de l'adjointe PS au maire de Cusset, de deux conseillers régionaux, un PCF et une Verte, de très nombreux militants et responsables de la CGT, la section départementale FSU soutenant le texte, de plusieurs militants FO à la Poste, au conseil général, dans l'enseignement ...

Les pseudos négociations dans les transports terrestres non ferroviaires sur l'application de la loi anti-grève en sont au point qui a été décrit dans la précédente Lettre de Liaisons, mais les mêmes "négociations" devraient démarrer à la SNCF. Elles n'ont pas plus de légitimité que les "négociations" contre les régimes spéciaux, quel qu'en soit le "cadre" pour parler comme Bernard Thibault. Une vraie négociation, c'est sur les revendications des travailleurs et sur la base d'un rapport de force. Aucune des "négociations" sur les revendications de Sarkozy et des patrons ne sont des négociations. La place des syndicats n'est pas là : cette discussion doit être portée, sans ultimatums mais sans tabous, partout où le problème se pose, de la base au sommet.

Pendant ce temps, Cécilia et Nicolas se sont officiellement séparés. De même que l'échec du jeu mécanique mais sans élan de l'équipe française de Rugby n'a pas abouti à la victoire à la coupe du monde. Ces "évènements" prennent un sens politique, qu'on le veuille ou non : Sarkozy avait intégré Cécilia à son dispositif en l'envoyant voir Khadafi juste avant de lui vendre le nucléaire, et il avait misé sur une opération d'union nationale autour de l'affairiste véreux Laporte et de son équipe : leur défaite finale devant les Pumas argentin clôt le cycle commencé par le ridicule de la lecture de la "lettre de Guy Môquet" juste avant leur première défaite devant les mêmes Argentins !

Il y a plus important : EADS, Arnaud Lagardère ... Dans le ridicule pipole (people) comme dans les grands scandales d'Etat, l'ombre du gouffre, de la chute qui sera d'autant plus dure que gesticulatoire et agressive aura été la fiesta, se dessine pour Sarkozy. S'il y a cette grande ombre, c'est parce que la classe ouvrière française a gardé sa capacité de combat. Le second tour des législatives et le 18 octobre le montrent, le 18 octobre à un niveau supérieur. Patiemment, hâtons nous de tout faire pour l'armer.

Article paru dans le numéro 229 du 20 octobre 2007 de La Lettre de Liaisons.
Ce numéro est le dernier. Il sera désormais remplacé par la lettre électronique Militant-La Lettre de Liaisons qui résulte de la fusion des comités de rédaction du Militant et de La lettre de Liaisons.



11 octobre 2007

From Wobbly to Bolshevik


FROM WOBBLY TO BOLSHEVIK.

Bryan D. Palmer, auteur d'une biographie récemment publiée, intitulée James P. Cannon and the Origins of the American Revolutionary Left, 1890-1928, donnera un exposé à la Tamiment Library de New York City (70 Washington Square South) le vendredi 12 Octobre à 18h30.

Cette réunion est hébergée par Tamiment and sponsorisée par cinq organisations socialistes : le Freedom Socialist Party, International Bolshevik Tendency, la Prometheus Research Library [liée à la Spartacist League], Socialist Action and le Socialist Equality Party.

22 septembre 2007

Réunion du 16 septembre 2007 des signataires de l’appel

Les participants à la réunion des signataires de l’appel de défense du droit de grève du 16 septembre 2007 constatent que Sarkozy et Fillon ont annoncé que leur offensive visant les droits de tous les travailleurs à travers la destruction des régimes de retraite dits spéciaux commence cet automne et n’attendra pas 2008.

Si Sarkozy veut faire cela, c’est pour battre tous les salariés, baisser les salaires, imposer le “nouveau contrat de travail” voulu par le Medef contre les CDI, faciliter les licenciements, et en matière de retraites nous mettre tous au delà de 40 annuités pour avoir une retraite à taux plein et au delà des 25 meilleures années pour le calcul de ce taux …

Les travailleurs concernés par les régimes dits spéciaux ne sont pas des privilégiés : outre le niveau élevé de leurs cotisations, leur taux de retraite et leur droit aux 37,5 annuités sont les derniers restes du droit commun de tous, détruit par les lois scélérates de Balladur en 1993, Juppé en 1995 et Fillon en 2003.

Une première loi anti-grève, qu’ils veulent étendre à tous les travailleurs, a été adoptée cet été par la majorité UMP du Parlement, qui instaure un état d’exception dans les transports terrestres de ferroviaires et routiers voyageurs . Cette loi n’a pas encore été testée sur le terrain : pour casser les retraites et le statut des cheminots, elle va être testée.

La seule possibilité pour Sarkozy de battre les cheminots, c’est qu’ils soient isolés. Toute la classe ouvrière, tous les salariés, l’ensemble de la jeunesse, sont concernés. En 2006 le rejet unanime du CPE par toutes les organisations syndicales et leur refus de “négocier” a joué un rôle décisif dans la mobilisation victorieuse. Les organisations syndicales ne doivent participer en aucun cas aux multiples négociations et concertations qui doivent désormais mettre en place entreprise de transports par entreprise le “service minimum” c’est-à-dire désigner les catégories de travailleurs astreints à se déclarer grévistes 48 heures à l’avance, pas plus qu’aux pseudo-négociations sur le “dialogue social” prévues par la loi pour la faire appliquer dans la branche transport. Les syndicats ne sont pas mandatés par les patrons et par le gouvernement pour appliquer leurs plans mais par les travailleurs pour défendre leurs revendications.

Bloquer l’offensive de Sarkozy exige de préparer un affrontement d’ensemble de toute la classe ouvrière contre le gouvernement et l’ensemble de sa politique, et, pour ce qui concerne les retraites, pour le retour aux 37,5 annuités pour tous.

Nous appelons donc à poursuivre la signature de l’appel Le droit de grève n’est pas négociable et, pour l’abrogation de cette loi, pour la mobilisation unie en défense du droit de grève, contre Sarkozy, à la formation de comités locaux ou sectoriels pour préparer le combat d’ensemble. Le bulletin de discussion des signataires, ouvert à toutes les contributions de ceux-ci, se fera l’écho de la formation de ces comités.

Les animateurs de l'appel ont ouvert un blog de campagne :

http://droitdegreve.wordpress.com/


17 septembre 2007

Kouchner : le nouveau Doctor Folamour ?

Ce dimanche, interviewé sur une radio, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de Sarkozy a déclaré à propos de l’Iran :

Kouchner : « On ne peut pas trouver plus grande crise que celle-là au monde pour le moment. »

Journaliste : « Qu'est-ce que veut dire "il faut en même temps se préparer"? »

Kouchner : « Ca veut dire qu'il faut se préparer au pire. »

Journaliste : « C'est quoi, se préparer au pire? »

Kouchner : « C'est la guerre ».

Et Kouchner de poursuivre : « De la même manière, nous avons déjà demandé à un certain nombre de grandes entreprises de ne pas répondre aux appels d'offres et c'est une manière de signifier que nous sommes sérieux ».

On aurait pu croire que ce personnage faisait dans l’échappée en solitaire, et bien il n’en était rien car depuis le journal Le Monde, répercutant une annonce Reuters de 22H04, nous apprend :

« Pour la seconde fois en moins de 24 heures, Paris a tiré la sonnette d'alarme lundi sur le dossier du nucléaire iranien, au grand dam de Téhéran qui a accusé la France d'entretenir artificiellement la crise.

Le Premier ministre, François Fillon, a fait état, à la suite de Bernard Kouchner, d'une situation de très grande tension avec l'Iran mais a souligné que la France entendait épuiser tous les moyens diplomatiques pour "éviter la guerre".

"La menace que fait peser sur le monde l'existence d'une arme iranienne nucléaire est réelle", a dit le Premier ministre à des journalistes en marge d'une visite au 1er Régiment d'infanterie de marine, à Angoulême (Charente).

"Le ministre des Affaires étrangères a raison de dire que la situation est dangereuse et qu'elle doit être prise au sérieux", a-t-il souligné. »

Ainsi, en l’espace de deux jours, le gouvernement français par la bouche de son ministre des Affaires étrangères puis du Premier ministre, fait monter la pression sur l’Iran pour le compte de Bush.

Dans le cadre de sa crise financière initiée par la crise des subprimes, comme dans le cadre du bourbier irakien où ses troupes ne savent comment parvenir à maîtriser un pays plongé depuis 4 ans dans le chaos et la guerre, l’impérialisme US envisage de forcer le gouvernement iranien à s’aligner ou sinon, il avance pas à pas vers une attaque de ce pays.

Pour des socialistes révolutionnaires, il n’y a pas à hésiter : il faut flétrir les Kouchner et les Fillon pour ce qu’ils sont, à savoir des salauds qui préparent la justification du massacre de dizaines, de centaines de milliers d’Iraniens.

Les USA envisagent des frappes aériennes, pouvant aller jusqu’à l’usage tactique de l’arme nucléaire, sous prétexte de détruire les installations nucléaires de l’Iran.

Il n’y a pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr ou Westpoint (académies militaires respectivement de France et des USA) pour savoir que de telles attaques entraîneront la mort de très nombreuses victimes civiles iraniennes qui ne peuvent être tenues comptables des actes du régime théocratique, alors que les dignitaires de ce même régime barbare et réactionnaire seront à l’abri dans leurs bunkers. De plus, les déchets radioactifs résultant de l’utilisation des armes atomiques, portés par les vents, toucheront les populations à des centaines voir des milliers de kilomètres à la ronde.

Alors que le régime iranien est contesté par des couches de plus en plus nombreuses de la population (travailleurs, jeunes, femmes), l’attaque de l’Iran n’apportera aucune libération à ce peuple, de même que l’attaque de l’Irak en 2003 n’a pas apporté la paix et la prospérité mais bien la mort, la maladie, le chaos, les destructions, l’oppression des femmes.

La meilleure contribution à la paix, la meilleure arme pour protéger le peuple travailleur d’Iran, est de renforcer notre combat en France pour défaire le régime de Sarkozy, l’empêcher d’infliger une défaite historique, celle dont le MEDEF rêve depuis 25 ans, en ne laissant pas les cheminots de la SNCF et les travailleurs des régimes spéciaux, seuls, isolés, face à l’offensive gouvernementale.

Plus la lutte s’intensifiera contre Sarkozy et son gouvernement aux ordres des patrons, plus vite Bush perdra ce soutien précieux en Europe.

Non à la guerre impérialiste !

Troupes françaises : hors d’Afghanistan, du Golfe persique et de l’Océan indien !

Pour aider le peuple iranien à se débarrasser du régime théocratique, débarrassons-nous de Sarkozy !

Libérez Mahmoud Salehi, Mansour Osanloo et tous les militants ouvriers persécutés par le régime !

Solidarité avec les femmes victimes du régime théocratique et machiste !

Regroupons-nous, préparons-nous pour l’affrontement avec ce gouvernement Sarkozy fauteur de guerre !

La rédaction

Campagne en défense des délégués du personnel du métro de Buenos Aires


Des faits extrêmement graves se succèdent dans l’entreprise Metrovias ( le métro de Buenos Aires – Argentine) ils participent d’une offensive visant à désarticuler le combatif corps des délégués du personnel, les légitimes représentants des travailleurs.

Ces dernières semaines les faits suivants ont eu lieu :

  1. L’entreprise ne reconnaît plus les délégués du personnel et a interrompu toute négociation.
  2. La direction bureaucratique du syndicat (UTA) attaque le corps des délégués du personnel en même temps que l’entreprise embauche des « jaunes », et engage un processus de sanctions, visant à dépouiller les délégués du personnel de leurs droits.
  3. L’entreprise déploie une campagne diffamatoire contre les délégués du personnel, par le biais de communiqués de presse, de slogans sur les murs, avec l’appui des fonctionnaires du gouvernement.
  4. Intimidations, agressions physiques se succèdent et des secteurs du métro ont commencé à être militarisés avec des forces de sécurité, tandis que commencent des mises en accusation judiciaires contre les délégués du personnel.
  5. L’entreprise a envoyé un télégramme demandant la mise à pied du délégué du personnel Nestor Segovia en vue de son licenciement, et des télégrammes similaires sont prévus pour d’autres délégués du personnel.

Face à ces faits, au-delà du soutien accordé aux décisions démocratiquement prises par les travailleurs du métro, nous engageons une campagne de manière urgente nationale et internationale, en demandant des prises de position réclamant la cessation de ces attaques qui violent les droits syndicaux et les droits du travail. Nous vous demandons d’envoyer ces prises de position – ci- dessous un modèle de texte - aux adresses indiquées :

« Face aux plaintes déposées par les travailleurs de « Metrovias », par l’intermédiaire du corps des délégués du personnel, concernant l’absence de maintenance dans les services du métro, malgré les millions de subventions reçus par l’entreprise, nous soussignés, exprimons notre solidarité active avec les délégués du personnel, représentants légitimes des travailleurs, face à toutes les diffamations publiques, aux intimidations, aux attaques physiques, aux demandes de mise à pied et aux licenciements. Nous exigeons la cessation de ces actions antidémocratiques et le respect de la liberté d’action syndicale et des droits constitutionnels en vigueur. »

Envoyer les prises de position par mail à :

info@metrovias.com.ar (entreprise Metrovias)

rinstitucionales@trabajo.gov.ar (Ministère du Travail)

nrial@trabajo.gov.ar (Secrétariat du Travail)

gremiales@fedcam.org.ar (CGT)

Ambassade Argentine en France : 6, rue Cimarosa – 75116 Paris .Fax : 01.45.53.46.33


Envoyer copie à :

solidaridadsubte@gmail.com.ar

prensa@metrodelegados.com.ar

04 septembre 2007

France : "Le droit de grève n'est pas négociable !"

Les signataires de l'Appel "Le droit de grève n'est pas négociable !" tiendront une réunion nationale le dimanche 16 septembre 2007 à partir de 13H30 à Paris.

Pour plus de renseignements, consultez les sites du Militant et de La Lettre de Liaisons

Après le vote de la loi au Parlement fin juillet puis la validation du texte par le Conseil constitutionnel le 16 août, la nouvelle étape passe par une remise en cause sans détour de cette loi par les syndicats comme par l'ensemble de la gauche.

Sarkozy veut maintenant passer à l'étape du début de l'application en imposant aux collectivité locales gestionnaires de transports terrestres de passagers et aux syndicats du secteur la définition et la mise en place des modalités du "service minimum".

C'est maintenant qu'il faut refuser ce genre de travaux pratiques très néfastes pour les droits et la situation de salariés.

Ainsi la confédération CGT, tout en condamnant la loi, propose de négocier l'application pratique non pas par entreprises mais par branches professionnelles. Avec une telle proposition, Sarkozy peut avancer à grandes enjambées vers le passage à l'extension de cette loi à l'Education nationale et à la santé avant de réussir l'extension au secteur privé, là où on extrait la plus-value !

Le mot d'ordre incontournable face à cette loi scélérate qui vise à priver les salariés du droit élémentaire de se défendre collectivement ne peut être que celui de l'abrogation.

02 août 2007

Motion de la section de Dereham du Labour Party en soutien aux postiers

Motion adoptée par la section de Dereham du Labour Party, le 1er août 2007

La section de Dereham du Labour Party appelle le gouvernement à faire pression sur la direction de Royal Mail pour engager des négociations effectives et significatives avec le CWU, et à s’engager lui-même à préserver le service postal comme un service public universel.

De plus, elle appelle ses membres à soutenir pleinement le CWU de toutes les façons possibles :

1. Visiter les piquets de grève les jours de grève

2. Envoyer des messages de soutien au CWU, au niveau local et national

3. Collecter des signatures pour la pétition officielle lancée par le CWU pour appuyer la position du syndicat

4. Organiser des collectes pour tout fond de soutien financier à la grève, impulsé par le CWU

5. Inviter des membres du CWU dans les entreprises pour discuter des enjeux du conflit

6. En établissant un comité de coordination du secteur public avec des représentants locaux des autres syndicats du public tells que UNISON, PCS, FBU, NUT pour aider au soutien à ces syndicats lorsqu’ils lancent des actions de grève.

Des milliers de postiers en grève sauvage en Ecosse

La grève sauvage en cours à la Poste en Ecosse illustre les obstacles auxquels sont confrontés les salariés dans un cadre légal restreignant le droit de grève - ici, héritage vivant des défaites infligées par Thatcher au mouvement ouvrier britannique durant les années 80'. Raison de plus pour redoubler d'efforts en France pour organiser un combat efficace pour empêcher Sarkozy, Fillon, Bertrand, Lagarde, Dati et toute la clique de parvenir à leurs fins contre les droits des salariés. APS


Ces deux derniers jours on vu des milliers de travailleurs de la Poste débrailler à travers l’Ecosse pour une grève sauvage en solidarité avec des collègues sanctionnés.

Le lundi 30 juillet, treize chauffeurs du centre postal de St Rollox à Glasgow ont été mis à pied après qu’ils eurent refusé de franchir un piquet de grève officiel à l’aéroport d’Edinburgh. [Les aéroports font partie des spécialités fonctionnelles pour lesquelles le CWU (*) a décidé d’un appel à la grève séparément des centres de tri et des bureaux de distribution]

Les vingt et quelques autres travailleurs du bureau de distribution de St Rollox ont alors débrayé en solidarité, entraînant le reste du centre de tri avec eux.

Quand les cadres ont emporté le travail aux bureaux distributeurs de Glasgow, ce qu’ils ont achevé de transporter et de répandre n’a pas été le courrier mais la grève. A la mi-journée, mardi, tandis que les centres de tri étaient en grève légale, prévue d’avance, la plupart des bureaux de distribution étaient en grève sauvage, illégale.

La grève s’est étendue à Motherwell quand les chauffeurs ont été mis à pied pour avoir refusé de franchir un piquet de grève à Glasgow, et ils ont étendu aujourd’hui [mercredi 1er août] au centre postal d’Edinburgh car c’est là que les lettres de Glasgow étaient réacheminées.

Alors que les militants de Workers’ Liberty pensent que la stratégie du CWU, basée sur un programme de grèves partielles et tournantes, entraînant le maximum de perturbation par heure travaillée perdue, est globalement correcte, celle-ci soulève néanmoins la question de savoir quoi faire quand les postiers d’un secteur sont confrontés aux piquets de grève d’un autre secteur.

La solidarité ouvrière dit que ceux qui refusent de traverser le piquet de grève ont 100% raison et que le syndicat doit leur donner son soutien plein et entier. Toute autre chose permet à la direction de monter des provocations suivies par des sanctions contre les militants.

Les évènements en Ecosse, d’une façon encore plus dramatique que la grève sauvage d’Oxford le mois dernier [2], illustrent la façon dont la direction de Royal Mail (La Poste britannique) est désireuse de faire monter les enjeux en choisissant le lieu et le moment de l’affrontement. Les postiers ont raison de répondre par la grève !

Le 01-08-2007.

* : CWU : Communication Workers Union, syndicat des travailleurs des communications.

Source : http://www.workersliberty.org/node/8939

Pour notre dernier bulletin chez les postiers, voir ici [1]

Links:
[1] http://www.workersliberty.org/node 8906
[2] http://www.workersliberty.org/node/8859

23 juillet 2007

Projet de loi sur le droit de grève : RETRAIT !

Editorial de La Lettre de Liaisons N°222 du 23 juillet 2007


Le droit de grève n'est pas négociable : RETRAIT du projet de loi !

La pseudo assemblée aux ordres est donc en train de pondre ses lois estivales : au centre du dispositif, la loi contre le droit de grève et celle sur la prétendue autonomie des universités, ainsi que les lois sur "le travail, l'emploi et le pouvoir d'achat" groupant les cadeaux fiscaux aux riches et la déréglementation aggravée des heures supplémentaires, et la loi intitulée "sur la récidive" qui vise à traiter pénalement les mineurs comme des adultes tout en les privant des droits de ces derniers.

La loi contre le droit de grève, intitulée comme il se doit "loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs", vient d'être examinée -et aggravée- par le Sénat et va passer devant l'Assemblée à partir du lundi 30 juillet. Que contient ce texte ?

Le contenu de la loi après son passage au Sénat : la question du champ d'application.

L'article 1 définit comme champ d'application les "services publics de transports terrestre régulier de personnes à vocation non touristique" et précise que cela concerne aussi les entreprises (privées) de transport chargées d'une telle mission de service public. Cet article I condense la tentative initiale de mensonge gouvernemental selon laquelle il ne s'agirait de rien d'autre que de ne pas laisser les gens à quai dans les gares. Outre que l'on peut rappeler que selon les statistiques officielles 3% des trains ratés sont dûs à des grèves, le reste, dans une proportion croissante, à l'obsolescence du matériel (conséquence de la séparation entre SNCF et Réseau Ferré de France, opérée par le ministre PCF Gayssot du gouvernement Chirac-Jospin en vue de préparer la privatisation), ainsi qu'à la météo, aux suicides et aux tirages de sonnettes d'alarme, le texte de la loi lui-même montre que le gouvernement n'a nullement l'intention de se limiter aux trains et aux cars.

En effet l'article 9 précise qu'un "rapport d'évaluation" sera remis au gouvernement au plus tard le 1°octobre 2008, présentant un bilan d'application et au vu de ce bilan examinant "l'opportunité d'étendre le dispositif de la présente loi aux autres modes de transports publics de voyageurs." Plusieurs députés UMP ont bruyamment réclamé cette extention durant le débat au Sénat, les marins assurant la liaison Corse-continent étant visiblement dans leur colimateur. Par contre le gouvernement a refusé de retirer les transports scolaires de la loi, comme le demandait l'Association des Départements de France (les conseils généraux, de droite comme de gauche) qui s'interroge de son point de vue sur ce que peut bien signifier un "service minimum" dans ce secteur où les horaires consistent déjà en un trajet le matin et un trajet le soir.

Pour couronner le tout, la rapporteuse de la loi, l'UMP Catherine Procaccia, est intervenue en faveur de l'interdiction des grèves les jours d'examens ou de concours nationaux, précisant que cela fait pas moins de 25 jours par an. Ce point n'est pas repris tel quel dans le projet de loi mais la possibilité de telles interdictions est ouverte.

D'autre part, cet article 1 a été aggravé par un amendement de sénateurs UMP déposé à l'instigation du gouvernement, amendement curieux du point de vue juridique car relevant plutôt de l'exposé des motifs d'une loi que de la loi elle-même. Il explique en effet que les dits "services publics de transports terrestres régulier de personnes à vocation non touristiques" "permettent la mise en oeuvre de principes constitutionnels" ainsi énumérés : "liberté d'aller et venir ; liberté d'accés aux services publics, notamment sanitaires, sociaux et d'enseignement ; liberté du travail ; liberté du commerce et de l'industrie".

A la lettre la présence explicite de toutes ces "libertés" dans le texte constitutionnel n'est pas d'une évidence limpide alors que le droit de grève l'est dans le cadre d'une énumération de droits individuels fondamentaux (préambule de la constitution de 1946 repris dans celle de 1958). Ce curieux amendement vise donc à prévenir toute argutie juridique se référant au caractère constitutionnel du droit de grève et montre bien que la "constitutionnalité" d'un droit ... est avant tout une question de rapport de force !

Ligoter les syndicats.

Les articles 2, 3 et 4 visent à ligoter les syndicats : d'ici au 1° janvier 2008 des "négociations" -les guillemets sont indispensables- doivent fixer par entreprises et au niveau de la branche les modalités d'application de la loi, mais non pas en ce qui concerne le soi-disant "service minimum", mais en ce qui concerne le "dialogue social et la prévention des conflits". Actuellement le droit commun (article L.521-3 du Code du travail) impose un préavis de 5 jours. La loi imposerait dans les transports terrestres -avant généralisation ? - une obligation de négocier avant tout préavis. Au lieu d'un préavis les organisations syndicales déposeraient donc une "notification à l'employeur des motifs pour lesquels elles envisagent de déposer le préavis de grève", entraînant une négociation obligatoire dans les 8 jours, l'article 3 ajoutant que pendant celle-ci, le dépot d'un véritable préavis de grève est interdit, autrement dit on va vers l'interdiction de la grève dans les 8 jours qui suivent la notification des motifs et aussi dans les 5 jours du préavis proprement dit ! ...

Quant à la "négociation" sur le "service minimum" proprement dit, c'est aux autorités organisatrices des transports, c'est-à-dire aux collectivités territoriales, Régions (en première ligne avec la SNCF), Départements, communes et communautés de communes, à l'imposer en ratifiant avec les syndicats, d'ici la même date butoir du 1er janvier 2008, un "accord collectif de prévisibilité du service applicable en cas de perturbation prévisible du trafic ou de grève."

Un service minimum sans maximum.

Les articles 4 et 5 organisent donc ce fameux "service minimum" ... c'est-à-dire qu'ils ne l'organisent pas, mais missionnent les collectivités territoriales pour qu'elles le définissent elles-mêmes avec les syndicats dans le cadre des accords locaux -tout en prévoyant que si elles ne le font pas le représentant de l'Etat (le préfet) le fera à leur place !

Le dit "service minimum" a pour but, comme le ministre l'a dit dans le débat, de faire en sorte que les grèves ne paralysent pas l'acticité économique : autrement dit, que les grèves ne soient pas des grèves !

Les soi-disant "accords collectifs" doivent donc définir le service minimum : aucun maximum n'étant prévu quant à la définition de ce "minimum", tout est possible, interdiction des grèves tel jour, sur telle desserte, à tels horaires, etc.Mais la loi comporte ici une grave contradiction interne. Comme ces Messieurs doivent avancer, au début, plus ou moins masqués, des mots comme "réquisition" n'y figurent pas. Les soi-disant "accords" doivent pourtant recenser les personnels nécessaires pour assurer le dit "service minimum". Alors comment faire ? C'est à cet effet qu'il leur est ordonné d'informer 48 heures à l'avance leur supérieur hiérarchique de leur intention ou non de faire grève, sous peine de sanction disciplinaire s'ils font grève sans l'avoir annoncé ...

Chacun comprendra que nous sommes là au coeur de l'attaque contre la vraie démocratie, celle des travailleurs qui s'organisent par eux-mêmes et décident librement, ce qui n'est possible que sur la base d'un rapport de force construit contre le patron.

Mais si tout le monde malgré tout fait grève et que les personnels censés assurer le "service minimum" n'est pas là ? La loi d'un côté dit que le "service minimum" doit être assuré, de l'autre ne prévoit pas que faire dans cette situation. Elle dit qu'il doit être fait avec des non-grévistes ("En cas de grève, les personnels disponibles sont les personnels non grévistes.", article 5 titre I), tout en ne laissant prise à aucune autre interprétation que celle selon laquelle le "service minimum" est obligatoire et ne saurait en aucun cas ne pas s'effectuer. Alors ?

Alors, ce vide est évidemment délibéré, il traduit deux choses :

1) la crainte des gouvernants de dire explicitement dans le texte de la loi où ils veulent en venir.

2) leur anticipation d'un affrontement social dans lequel la chose sera dénouée par la lutte -la notre et la leur, dans la lutte des classes, il y a deux classes qui luttent toutes deux !

Soit la loi sera vidée de son contenu soit elle aura un contenu qui ira alors forcément beaucoup plus loin que sa lettre en son état actuel. Mme Procaccia l'a bien compris :

"Nous faisons, en cet été 2007, un vrai premier pas, que j'espère être un pas de géant, dans l'intérêt de tous : usagers, entreprises et salariés des transports. Mais je tiens à souligner que, comme pour tout texte législatif, seule sa correcte application permettra vraiment de changer la vie de nos concitoyens : j'en veux pour preuve la pratique courante des grèves dites "émotionnelles" ou des piquets de grève qui paralysent les transports publics, alors que ce type de manifestation est illégal."

Mme Procaccia parle d'or ... Les grèves spontanées, les piquets de grève, les barrages routiers comme en 1996, les débrayages suite à une agression, et les grèves pour des raisons interprofessionnelles, politiques et générales (ne relevant donc évidemment pas d'une "notification des motifs" internes à l'entreprises, voila ce qui doit être interdit pour "changer la vie" des patrons !

L'article 6.

L'article 6 apporte à cette première offensive une dimension importante supplémentaire car il tente de s'en prendre aux grèves déjà engagées :

1) en recourant à un "médiateur" dés le début du conflit (lors de la "table ronde" organisée par la commission sénatoriale pour entendre, en bloc, les représentants syndicaux, l'UNSA et la CFTC ont fait cette demande, mais tous les syndicats se sont déclarés demandeurs d' "accords de prévention des conflits", la CFDT insistant particulièrement sur ce point ...).

2) en rendant possible un vote à bulletin secret échappant au contrôle des travailleurs, organisé "par l'entreprise" sous la surveillance éventuelle du "médiateur", sur la poursuite de la grève au bout de 8 jours.

Ici, soudain, le ministre se rappelle que le droit de grève est "constitutionnel" et "individuel". C'est pourquoi le texte de la loi précise que le résultat de ce "vote", organisé par le patron ("l'entreprise", c'est le patron) "n'affecte pas l'exercice du droit de grève" et n'a donc pas force de loi pour interdire la poursuite de la grève. Mais là encore, on comprend bien que la loi cherche à construire par avance des situations dans lesquelles une grève pourrait être physiquement brisée par une telle procédure. On a bien dit physiquement : car la question, précisons-le, n'est pas en soi celle du vote à bulletin secret, mais de QUI organise la grève. Cette disposition de la loi vise à faire organiser la grève (évidemment pour la désorganiser, pour l'arrêter) par d'autres que par les travailleurs eux-mêmes ou leurs sections syndicales.

C'est bien pourquoi il n'y a pas de différence de fond entre une telle disposition, dénoncée à juste titre par les directions syndicale, et celle sur le "médiateur", réclamée par certaine d'entre elles et pas combattue par les autres. Dans les deux cas, cet article 6 est la pointe avancée du projet de loi comme arme de guerre sociale. Dans les deux cas, sa philosophie est vieille : c'est celle de l'arbitrage obligatoire, tenté en France par Aristide Briand en 1910, par le Front populaire en 1937 (oui, par le Front populaire : il s'agissait d'éviter un « nouveau juin 36 » en « prévenant les conflits ») sous le nom de Statut moderne du travail, projet que les gouvernements Daladier puis Paul Reynaud commencèrent à mettre en oeuvre, mais qui le fut pleinement par celui du maréchal Pétain, dans le cadre de la Charte du travail.

L' « usager », cet alibi.

Les articles 7 et 8 prétendent, eux, donner satisfation aux "usagers" et à ces mystérieuses associations d'usagers censées nous représenter, nous les travailleurs qui prenons le train, et sur la représentativité desquelles personne ne semble s'interroger ...

C'est un vaste foutage de gueule pour une raison bien simple : l'information des usagers (art. 7) et le remboursement de leurs titres de transports (art. 8) ne sont prévus que dans les cas de grève et de perturbation prévisible. Or plus de 90% des perturbations réelles, de l'aveu des statistiques officielles elles-mêmes, ne rentrent pas dans ces cas : l'obsolescence du matériel ou le désespoir des personnes qui se jettent sous les trains sont en effet "prévisibles" statistiquement, et résultent tous deux de l'ordre social et économique des promoteurs de cette loi, mais ne sont pas prévisibles au cas par cas. Donc, "'usagers", votre information et votre remboursement ne sont que des alibis anti-grève, dirigés contre vous-mêmes.

Payer les jours de grève n'a rien d'illégitime !

L'article 9 interdit les paiements de tout ou partie des jours de grève.

Le non paiement des jours de grève est pourtant déjà prévu par la loi. Alors pourquoi cet article ?

D'une part il s'agit d'exciter certaines couches petites-bourgeoises auxquelles on fait croire que jusque là les jours de grève sont payés ! C'est l'inscription dans la loi de la méthode initiée par M.M. Raffarin et Ferry contre les enseignants en 2003 quand ils ont annoncé que « désormais les jours de grève ne seraient pas payés », comme s'ils l'avaient été avant !

D'autre part il s'agit d'interdire une pratique qui, lorsqu'elle avait lieu, n'avait rien d'injustifié : on peut en effet trés bien arguer, d'un point de vue réformiste ouvert au "dialogue social", que le paiement de tout ou partie des jours de grèves peut contribuer à de meilleures relations sociales dans l'entreprise, surtout quand le patron, donnant droit à tout ou partie des revendications, montre que c'est son obstination à ne pas négocier qui a poussé à la grève : n'est-il pas normal que cela se paie ?

Qu'ils nous soit permis d'ajouter que l'activité d'un vrai gréviste, qui ne compte pas ses heures de piquet, de discussion, d'AG, de manifestation ... mériterait au fond d'être payée ... en heures supp' !

Et notons pour le regretter qu'absolument aucun des représentants syndicaux auditionnés par le Sénat n'a argumenté en faveur de la légitimité de cette pratique.

Pourtant il est même arrivé, par exemple dans la maçonnerie, de voir un petit patron, pour se "réconcilier", accepter de payer un jour ou deux de grève celle-ci terminée : la généralisation de cette loi le lui interdirait !

Un dernier mot sur le débat au Sénat.

Laissons là le débat sénatorial, assez pauvre dans son ensemble -mais il faut tout de même signaler l'intervention du sénateur PS Jean-Luc Mélenchon qui a dit, rapidement, l'essentiel de ce qu'il y avait à dire : « Vous vous attaquez à la classe ouvrière organisée, et vous commencez par les transports ... », « Vous vous en prenez aux travailleurs des transports parce que vous allez vous attaquer aux régimes particulier de retraite. Or c'est l'affrontement sur le régime de transport des cheminots qui va vous couter le plus cher. » Saluons ce langage, qui n'est qu'exceptionnellement produit dans une assemblée parlementaire (surtout au Sénat ! ) et qui y suscite immédiatement les cris de haines des possédants : c'est ainsi qu'un certain Dominique Braye, sénateur UMP et vétérinaire dans les Yvelines de son état, s'est mis à hurler aux mots de « classe ouvrière » et à bramer que « c'est nous qui la représentons ! » Exclamation caractéristique de la représentation idéologique des « UMP de base » qui veulent opposer braves « ouvriers » et méchants « privilégiés » de la fonction publique et des chemins de fer. Mais la prudence cynique du ministre montre qu'ils ont peur de l'affrontement ... avec la classe ouvrière.

Division des taches et double langage.

Ils se divisent les taches : en plein débat au Sénat, le premier ministre Fillon a, comme on le sait, remis sur le tapis l'attaque contre le droit de grève à l'école appelée ici l' « obligation d'accueil » des enfants (qui existe déjà dans les lycées et les collèges, mais pas dans les écoles et qui permettrait donc d'instaurer une limite légale au droit de grève dans les écoles) : « la démonstration qui sera faite de l'efficacité du dialoguie social dans les transports peut ensuite servir de modèle pour être étendu dans d'autres secteurs, dont l'éducation nationale. ».

Division des taches, « Double langage » comme le constate Le Monde du 21 juillet, qui indique d'ailleurs que le ministre du Travail Xavier Bertrand a écrit au secrétaire d'Etat aux transports Dominique Busseraud de mettre en route la « concertation » pour que les mesures contenues dans le projet de loi, avant même qu'il ne soit voté, soient transposées aux liaisons Corse-continent ...

Premier tournant.

Rappelons que jusqu'à mi juillet, aucune organisation syndicale au plan national ne faisait campagne ou n'informait correctement sur les intentions effectives du gouvernement et le sens de sa politique. Seule la déclaration de l'intergroupe Liaisons-La Commune-Le Militant-CCI(T), et l'appel qui s'en inspire sur lequel Liaisons et le Militant ont engagé une campagne nationale de signatures de syndicalistes et de structures syndicales, expliquait systématiquement que le but du gouvernement c'est les grèves dans les entreprises, dans toutes les entreprises, que son inspiration c'est Thatcher, et cela preuves à l'appui -à savoir les déclarations faites depuis un an par Sarkozy, Bertrand, Dati durant la campagne électorale.

Tout au contraire, il faut le rappeler, Bernard Thibault déclarait, au lendemain des présidentielles, que la question du service minimum dans les transports ne relevait pas du niveau interprofessionnel (Le Monde du 10 mai). Dans les organisations, les directions nationales expliquaient aux responsables inquiets que c'était tactique, qu'il fallait se donner l'air de « prendre au mot » le gouvernement sur la continuité du service public et l'amélioration de l'information des usagers, montrer les contradictions des projets qui circulaient et, en dernier recours, rappeler avec solennité que le droit de grève est constitutionnel. Jean-Claude Mailly s'estimait même « rassuré » sur les intentions gouvernementales, à la veille du congrés de Force Ouvrière dans la dernière semaine de juin.

Ce congrés, première grande réunion syndicale nationale depuis l'élection de Sarkozy, fut aussi celui où s'amorçait un infléchissement, car (voir la Lettre de Liaisons N° de la semaine dernière) le passage de la résolution générale contre le projet de loi sur les transports était sans ambigüité et allait au delà des limites que le secrétaire général avait pourtant tracées juste avant.

Le 13 juin, était rendu public le projet d'article 9 de la loi, permettant son extension future à tous les modes de transports. La CGT prenait alors position :

« Les transports terrestres sont les cobayes d'une offensive visant à une restriction généralisée du droit de grève dans notre pays, entreprises privées et services publics confondus. »

Cependant, la confédération diffusait dans le même temps des « amendements » au projet de loi. Citons le paragraphe d'introduction du tract confédéral :

« Les demandes de modification ci-jointes n'enlèvent rien à l'appréciation générale de la CGT, exprimée par ailleurs, sur cette loi inutile et inefficace pour répondre aux attentes légitimes de qualité de service public au quotidien des usagers. Elles n'enlèvent rien à la position de la CGT s'agissant du droit de grève, droit individuel constitutionnel, non négociable. »

La loi n'est pas « inutile », elle est dangereuse et les premiers à en être convaincus sont les militants CGT auxquels il a été expliqué que cette formulation est une ruse. Mais rusé pour rusé on finit par pédaler dans la choucroute ... car le mot-d'ordre simple et clair ne devrait-il pas être le RETRAIT de cette loi ?

Et le premier moyen d'aller en ce sens l'annonce des fédérations concernées, soutenues au niveau confédéral, qu'elles ne prendront pas part aux « négociations » prévues par les auteurs de la loi : ni à celles enjointes dans son article 2 dans les entreprises et la branche transports, ni à celles enjointes par son article 5 pour rédiger avec les collectivités locales les soi-disant accord collectifs de service minimum, ni à celle annoncée dans la marine par la lettre du ministre Bertrand au sous-ministre Busseraud ...

Dans sa déclaration du 13 juillet la CGT appelle à un rassemblement devant l'Assemblée nationale le 31 juillet et devant les préfectures en province, « fain de montrer notre détermination ».

Afin de montrer notre détermination, certes, donc en exigeant le RETRAIT ... mot qui manque dans l'appel ! Est-ce si dur à dire ? Pas forcément puisque dans une déclaration commune les fédérations des cheminots CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD Rail, UNSA, FGAAC, le 19 juillet, appellent aux rassemblements du 31 juillet « pour exiger le retrait des mesures qui contraignent le droit de grève ».

Autrement dit (mais alors pourquoi ne pas l'écrire ? ) pour exiger le RETRAIT DE LA LOI.

Par ailleurs, les déclarations de François Fillon ont évidemment contraint les syndicats de l'enseignement à réagir, la FSU appelant à son tour aux rassemblements du 31 juillet. Sans, elle non plus, exiger en toute lettre le retrait de la loi, la déclaration de la FSU indique que le but de celle-ci est de se venger des grévistes de 1995, 2003 et 2006, et présente les rassemblements du 31 juillet comme « premières étapes d'une mobilisation que la FSU souhaite la plus unitaire et la plus massive possible ».

Chacun comprend bien qu'un 31 juillet, en plein milieu de la période de vacances scolaires et au coeur des congés payés bien légitimes d'un grand nombre de salariés, une mobilisation générale est improbable (bien qu'il y ait un précédent : août 1953 ! ). Il n'y a pas lieu de demander aux directions syndicales de produire celle-ci en claquant des doigts et d'éviter le vote, probable, de cette loi et des autres en coeur de l'été. Mais il y a lieu par contre d'exiger que les syndicats jouent leur rôle, rien que leur rôle peut-être, mais tout leur rôle, en informant correctement, en montrant publiquement les enjeux, sans cacher que c'est l'affrontement qui se prépare. A ceux qui craignent qu'un discours trop « explicite » suscite des mouvements partiels risquand d'être défaits, disons au contraire que c'est en donnant la perspective nécessaire et inévitable de cet affrontement que l'on peut seulement éviter de tels départs en lutte trop précoces, car c'est tous ensemble qu'il va falloir en découdre.

Pour cela, répétons-le, l'indépendance syndicale, envers l'Etat et envers les patrons, requiert que nos syndicats se prononcent pour le retrait de cette loi et ne participent pas aux pseudos-négociations pour la mettre en place.

SIGNEZ, FAITES SIGNER L'APPEL

LE DROIT DE GREVE N'EST PAS NEGOCIABLE !

POUR LE RETRAIT DU PROJET DE LOI : PARTICIPEZ AUX RASSEMBLEMENTS DU 31 JUILLET

devant les préfectures

à Paris à 14h 30 DEVANT L'ASSEMBLEE NATIONALE.