09 décembre 2006

Avant la réunion nationale des collectifs anti-libéraux des 9 et 10 décembre 2006.

Au moment où les délégués des collectifs issus du mouvement pour le Non de gauche au TCE vont se réunir pour désigner leur candidat à la présidentielle, le choix du candidat importe peu dans la mesure où l’ensemble des prétendants actuellement connus (Buffet, Autain, Salesse et Bové) ont participé à l’essoufflement de ce mouvement.

Au soir du 29 mai 2005, comme au soir des régionales de mars 2004, l’illégitimité de Chirac, de son gouvernement De Villepin – Sarkozy, de leur assemblée croupion était manifeste.

Ce régime, ce gouvernement, cet exécutif n’avaient aucune légitimité à mener tranquillement leur politique anti-sociale. Comme Chirac n’avait aucune légitimité à être élu le 5 mai 2002 alors qu’il frôlait à peine la barre des 20% au soir du 21 avril.

Le rejet majoritaire du libéralisme exprimé dans le vote du 29 mai aurait du trouver son expression dans l’exigence immédiate du départ du régime et de Chirac. Il n’en a pas été ainsi car les dirigeants du Non de gauche, aussi bien ceux du PS (Fabius, Emmanuelli) que ceux du PCF, de la LCR, de LO et du PT, ont été effrayés par cette perspective.

La première conséquence de cet effroi a été le ralliement des dirigeants du Non socialiste à la synthèse au congrès du PS. Ce faisant, Emmanuelli et Fabius distribuaient les verges pour se faire battre et offraient à Hollande les moyens de circonscrire l’effet du Non socialiste, composante déterminante de la victoire du NON.

Faute d’un appel à chasser Chirac et son gouvernement, nous avons eu droit au CNE en août 2005, puis à l’isolement des grèves de Marseille et de la RTM en septembre-octobre, puis à l’explosion des banlieues qui a incarné l’impasse d’une exaspération sociale profonde dépourvue d’organisation et d’orientation.

Heureusement, le mouvement de la jeunesse du printemps 2006 a pu et su entraîner le mouvement ouvrier dans le combat pour l’abrogation du CPE. Néanmoins, chacun à leur manière, les dirigeants politiques et syndicaux de toute la gauche ont tout fait pour que l’on en reste là et qu’on ne s’attaque pas au reste de cette politique libérale et surtout à son centre organisateur, le gouvernement.

Depuis, nous avons deux candidats de l’establishment en campagne (Sarkozy et Royal) mais toujours pas de candidat anti-libéral ni de campagne menée tambour battant sur le thème de chasser la droite pour défaire toutes les mesures prises contre les jeunes et les travailleurs.

Certes les collectifs disposent d’un « programme » mais celui-ci est bien mauvais surtout quand on commence à aborder la question européenne et mondiale : point de rupture avec l’UE !

Reste en guise de plat principal, la mère de toutes les batailles, celle pour la désignation du candidat du rassemblement anti-libéral. A partir du moment où le rassemblement se veut « programmatique » et où l’objectif dérive vers l’espoir d’un groupe parlementaire significatif, la question de rassembler les travailleurs pour chasser la droite ou ceux qui font une politique de droite n’est pas au centre de la discussion. Dés lors qui choisir ?

La méthode dite du « consensus » est employée. Cette méthode a surtout le désavantage de donner un droit de veto à toute minorité de blocage et de déporter la discussion sur le choix du candidat vers les tractations de couloir …non pas entre militants à égalité de droits dans ce choix mais entre appareils et micro-appareils, au-dessus des militants.

On rappellera au passage que le PCF dispose de près de 100.000 militants (contre environ 15 à 20.000 revendiqués par les collectifs) et surtout de la capacité à offrir (ou refuser..) les 500 signatures d’élus sans lesquelles il n’y a point de candidature valide.

Dès lors, la perspective d’une sélection de Marie-Georges Buffet comme candidate du rassemblement anti-libéral a toute légitimité d’un point de vue arithmétique.

Si les initiateurs des collectifs voulaient vraiment aider au rassemblement des jeunes et des travailleurs dans le prolongement du vote du 29 mai, ils pourraient aussi solliciter Jean-Luc Mélenchon, ce qui offrirait la possibilité de réunir les militants du Non socialiste n’ayant aucune intention de rallier la campagne blairiste de Ségolène Royal, avec les autres composantes du Non de gauche.

Une telle initiative mettrait aussi bien le PCF que Mélenchon au pied du mur en ce qui concerne l’unité du regroupement pour l’un, la rupture avec la synthèse assassine de l’élan du 29 mai pour l’autre. Mais une telle perspective ne peut se concrétiser que si une volonté de battre la droite et ceux qui veulent faire la politique de la droite à la place de la droite s’imposait vraiment.

Pour l’instant, ni la campagne de Sarkozy, ni celle de Royal…ni celle du rassemblement anti-libéral ne sont à l’abri d’une nouvelle vague sociale dans les cinq mois à venir. Un tel événement permettrait aux militants comme à de larges couches de travailleurs de rappeler fermement les revendications indispensables pour l’amélioration de la vie du plus grand nombre et offrirait l’occasion de la relance d’une organisation des travailleurs à partir de la base, soumettant les sommets à la pression et à la critique de cette base.

Seule l’organisation des travailleurs et des militants permettra d’avancer vers le rejet de la droite et l’imposition d’un gouvernement des organisations qui recueillent les suffrages des travailleurs, en rupture avec les institutions existantes, pour la satisfaction des revendications et des besoins du plus grand nombre.