02 novembre 2007

Pendant ce temps là, la très charitable ...

Pendant ce temps là, face au mouvement des sans-logis ou mal-logés, la très charitable Christine Boutin, ministre du logement mais pas de la compassion, déclare être "déterminée à ne pas tolérer que des campements s'installent dans Paris".

Visiblement sa détermination l'amène, à défaut de réquisitionner les logements vides, à occuper le champ médiatique d'une façon qui provoque la juste réaction du SNJ-CGT.



Un communiqué du SNJ-CGT : La France malade de son information baillonée

France 5 doit des explications et des excuses à propos des « incidents » qui ont émaillé l’émission « Revu et corrigé », présentée par Paul Amar.

Pour débattre du sujet des mal logés, les journalistes de l’émission avaient invité la ministre en charge du dossier, Christine Boutin, et Jean-Baptiste Eyraud du DAL.

La ministre aurait exigé le retrait du militant associatif et c’est Florence Aubenas qui a posé la question de son absence sur le plateau. La gène de Paul Amar et, surtout, de la ministre était visible.

Il est hautement symbolique qu’une émission de décryptage des médias, sur une chaîne de service public soit le théâtre d’un tel acte de censure.

Le SNJ-CGT demande que toutes les explications soient fournies aux téléspectateurs et que le CSA condamne les interventions intempestives de ministres sur le contenu de l’information.

On remarquera que cet acte s’est produit le jour où le président de la République a provoqué un autre incident sur la chaîne américaine CBS, quittant le plateau parce qu’une question lui déplaisait. Il est vrai que Nicolas Sarkozy, ami de tous les patrons de presse, a l’habitude d’avoir des journalistes complaisants face à lui.

Pour le SNJ-CGT, ces deux faits sont les dernières manifestations du malaise de l’information en France. Le syndicat appelle les journalistes à entrer en résistance et à participer aux manifestations prévues le 5 novembre (dans toute l’Europe) pour un journalisme de qualité.
Montreuil le 29 octobre 2007

Source : http://www.snj.cgt.fr/

Zozos, branquignols ...barbouzes ?

Petit à petit, miette après miette, le puzzle de l'affaire de l'Arche de Noé commence à dévoiler des faits à défaut de révéler l'entière vérité. Pour l'instant, on en est au stade des questions et des hypothèses.

1) D'abord, on a cette étrange ONG qui "agit clandestinement" selon Yama Rade, au point de solliciter (et d'obtenir !) des entrevues dans les ministères. Au point aussi de recevoir des mises en garde ministèrielles, toujours selon Yama Rade. Mises en garde non suivies d'effet car le grand chef de cette ONG aurait agi tel un gourou borné.

2) Soupçons ou preuves de trafic d'enfants pour réseau pédophile (tiens, l'accusation semble tombée en route ...), vols d'organes, fraudes à l'adoption, infractions à la législation sur le séjour et l'accueil des étrangers : la moindre de ces infractions aurait du entrainer une action des autorités en France. Alors pourquoi avoir attendu le dernier moment pour filer l'info aux autorités tchadiennes qui ont arrêté les membres de l'équipée sur le point de remplir l'avion d'un premier convoi d'enfants ? Pourquoi avoir laissé l'opération avancer jusqu'au point où des dizaines de familles d'accueil étaient rassemblées à l'aéroport de Vatry pour réceptionner des enfants (on les a vues à la télé, désapointées..) ?

3) L'ONG a joué sur une double identité. Le label "Arche de Zoé" en France, le sigle "Children Rescue" au Tchad. Et ce simple subterfuge aurait suffi à obtenir malgré tout une aide logistique de l'armée française. Merveilleuse armée française qui apporte sa modeste contribution à une ONG censée recevoir des mises en garde ministèrielles à Paris ! Bizare que dans une zone de tension, de conflit, où ces derniers mois l'armée française a été engagée dans des actions de soutien militaire au pouvoir tchadien, où la rivalité entre grandes puisssances autour de la crise du Darfour se joue aussi avec la panoplie complète des agents et des agences, il n'y ait pas de service de renseignements observant tout ce qui s'agite sous le soleil ...

4) Libération du 2 novembre écrit : "
Ce dernier [Idriss Déby] a aussi évoqué une complicité locale en s’étonnant, sur RFI, que le Boeing affrété par l’ONG ait eu la permission d’atterrir à l’aéroport d’Abéché, dont la piste est trop courte."
Or qui controle l'aéroport d'Abéché ? Qui a réalisé l'extension de la piste nécessaire à l'atterrissage du Boeing loué par Children Rescue/Arche de Zoé ?

De là à imaginer un sérieux problème de souveraineté du Tchad sur cette province... De là à se demander si les autorités tchadiennes n'ont pas fait preuve d'un zéle policier très large en arrêtant tous les protagonistes directs ou indirects de l'affaire (membres de l'ONG, journalistes, équipage de l'avion) justement parce qu'elles n'arrivaient pas à savoir qui était qui, et qui faisait quoi...dans ce qui est devenu un protectorat français.

5) Et Kouchner ? Avez-vous vu Kouchner ? D'habitude, l'humanitaire, c'est son domaine. Pourquoi Kouchner est-il absent et silencieux ? Pourtant, il bosse sur la mise en place de la grande Euroforce dirigée par la France qui est censée prendre position à coté du Darfour...

En attendant, les reportages sur l'origine des enfants regroupés par l'ONG sont édifiants sur la misère des populations locales. Ils montrent des parents qui n'hésitent pas trop pour faire le choix : entre l'incertitude de l'inconnu avec un maigre espoir d'aller dans une école et la certitude d'un sort quotidien misérable, la réalité fait pencher la balance d'une façon nette.

C'est aussi cela le bilan de la Françafrique. Plus de 40 ans après les indépendances, les anciennes colonies restent dans un état de dépendance politique et économique qui poussent les populations locales à tenter toutes les solutions, au risque de perdre ses enfants, au risque de perdre sa vie en affrontant les dangers du désert et des mers.

01 novembre 2007

Affaire "Arche de Zoe" : le communiqué de la FIJ

La FIJ interpelle le Tchad à propos des journalistes impliqués dans l’affaire des “enfants enlevés”

30/10/2007

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a appelé aujourd’hui les autorités Tchadiennes à libérer les journalistes qui sont accusés d’enlèvement d’enfants en compagnie des membres d’une ONG française qui opérait au Darfour et au Tchad.

« Quels que soient les accusations portées contre les membre de cette organisation qui projetait de déplacer des enfants, les journalistes qui travaillaient sur ce sujet ne peuvent pas être considérés comme des complices » a déclaré le secrétaire général de la FIJ Aidan White. « Ils ne sont que des observateurs ; ils doivent être libérés immédiatement et blanchis de toute accusation ».

L’affaire concerne un groupe français appelé “l’Arche de Zoé”, qui déclare vouloir aider les enfants mais pas les enlever. Ses membres tentaient de quitter le Tchad avec 103 enfants originaires du Darfour pour les emmener dans des familles d’accueil en France. Le gouvernement français a condamné ces opérations et son ambassadeur a déclaré que les personnes impliquées allaient être traduites en justice au Tchad.

Deux journalistes qui couvraient les activités de l’Arche de Zoé au Tchad ont été accusés en même temps que les membres de l’association. Une troisième journaliste qui se trouvait dans le groupe pour des raisons personnelles a également été mise en accusation. En tout neuf ressortissants français ont été accusés d’enlèvement d’enfants. Sept espagnols qui travaillaient pour la compagnie aérienne chargée du transport des enfants ont également été accusés de complicité.

La FIJ et deux de ses membres français, le SNJ et le SNJ-CGT, estime que les journalistes qui couvraient ces évènements étaient protégés par le droit international et ne devraient pas être mis en accusation.

« C’est une grave erreur de confondre le travail des journalistes avec le sujet de leurs reportages », a déclaré M. White. «Nous demandons aux autorités tchadiennes de lever les accusations contre les journalistes qui couvraient les activités de l’Arche de Zoé pour des raisons professionnelles et de les libérer immédiatement ».

La FIJ représente plus de 600,000 journaliste dans 114 pays dans le monde.

Source : http://www.ifj.org/default.asp?Index=5434&Language=FR

Notre commentaire :

Pourquoi a-t-il fallu une semaine pour que le gouvernement français commence à dissocier le cas des journalistes de celui des membres de l'ONG "Arche de Zoé" ?

Pourquoi a-t-il suivi le gouvernement tchadien dans l'amalgame entre toutes les personnes arrêtées à Abéché ?

Parce qu'il était essentiel de cacher certaines choses dans cette affaire ?