21 juin 2007

Sur les événements de Gaza

Bande de Gaza : que se passe-t-il ?

Chacun comprend que c'est encore une tragédie que subit la nation palestinienne arabe. Mais un épais rideau de fumée empêche généralement de saisir le fil réel des évènements.

A écouter les principaux médias, "ils se battent entre eux" : ce serait la guerre civile entre le Fatah -le parti historique de Yasser Arafat, nationaliste arabe, ayant passé avec Israël les accords d'Oslo qui lui avait confié le gouvernement de Gaza et de lambeaux de la Cisjordanie- et le Hamas -parti islamiste sunnite, vainqueur sans appel des élections de 2006 parce qu'il apparaissait au peuple palestinien comme moins compromis avec Israël.

A les écouter encore, une "république islamique" serait installée dés à présent à Gaza -un terme qui prête complètement à confusion car, si le programme du Hamas est bien un programme islamiste réactionnaire prétendant voiler les femmes, etc. -alors que celles-ci ne se voilent pas plus depuis qu'elles ont voté pour lui- ce n'est absolument pas un mouvement religieux qui a motivé la prise de contrôle armée de Gaza par le Hamas.

A y regarder de plus prés, en consultant les sites pro-palestiniens, l'on constate que beaucoup d'entre eux, sans approuver le programme islamiste du Hamas, le soutiennent contre le Fatah en estimant que la direction du Fatah est devenue le bras armé des Etats-Unis et d'Israël, chargé de faire régner l'ordre dans le bantoustan palestinien. Un chef policier du Fatah, Mohammed Dalhan, est souvent désigné comme apprenti dictateur spécialisé dans la contre-insurrection (voir le site du Grand Soir qui recense des articles bien documentés développant ce point de vue: http://www.legrandsoir.info/).

D'après cette analyse, la victoire du Hamas à Gaza serait donc due au soutien populaire contre les valets de l'impérialisme. Il serait possible, notons-le, qu'il en soit ainsi même sans cautionner la politique du Hamas et sans se faire d'illusion sur ses propres capacités "anti-impérialistes" à moyen terme.

Il faut cependant compléter ces données par une constatation qui relève tellement du bon sens ... que beaucoup "oublient" de la faire : si les Etats-Unis et Israël avaient voulu donner au Fatah les moyens en armes lourdes d'écraser le Hamas dans la bande de Gaza, celui-ci aurait été écrasé même avec un soutien populaire massif (dans ce cas, par un bain de sang). Il est donc clair qu'ils ont laissé le Hamas prendre le contrôle de Gaza et qu'une situation où il y a maintenant, de fait, deux "Entités palestiniennes" aussi inviables, instables et croupion l'une que l'autre -l'une placée sous la terreur des milices du Hamas à Gaza, l'autre sous la terreur des milices du Fatah en Cisjordanie- est une situation qui fait le jeu des Etats-Unis et de l'Etat d'Israël qui vient d'évacuer Ehoud Olmert de la tête de son exécutif ...

C'est évidemment là une situation dans laquelle les dirigeants nord-américains et israéliens jouent avec le feu. Ils n'en sont plus à éteindre les incendies, cela fait déjà des années qu'ils ne font qu'allumer contre-feu sur contre-feu : la source du chaos, c'est eux.

Si l'on comprend cela, l'on voit alors que ce "jeu avec le feu" connaît d'autres points d'application dans la région.

Ainsi au Liban, les groupes al-qaïdistes qui ont fourni à l'armée libanaise le prétexte pour intervenir dans plusieurs camps palestiniens ont été discrètement soutenus par des secteurs gouvernementaux pro-américains.

Ainsi en Irak, selon le New York Times du 11 juin, l'armée nord-américaine a entrepris d'équiper en armes lourdes, dans la province d'Anbar puis dans plusieurs quartiers de Bagdad, des groupes "insurgés" sunnites opposés à la fois à al-Qaïda et au gouvernement collaborateur à majorité chiite. Remarquable "Résistance" directement armée par l'occupant ... qui sait d'ailleurs qu'une partie des balles qu'il fournit sera tirée sur lui, mais il en est là. Par contre, le gouvernement irakien est incité à réprimer par la force les grèves des ouvriers du pétrole à Bassora, à utiliser contre eux les milices chiites de Moqtada Sader, ancien "insurgé" anti-américain lui aussi, pendant que les forces US ont mis à sac le siège du Congrès des Libertés en Irak (un mouvement laïque à base ouvrière) à Bagdad.

De quoi s'agit-il pour le gouvernement nord-américain et, à sa suite, pour le gouvernement israélien ? De reprendre l'initiative et la fuite en avant vers la "guerre sans fin" contre le terrorisme. Cette fuite en avant avait connu un coup d'arrêt, en 2006, suite à l'échec de l'agression israélienne contre le Liban. Ils ont besoin de poser des mines, susciter des affrontements, des contre-feux, partout en Palestine, au Liban et en Irak, et trouvent des factions pour ce faire. Contre-feux préventifs partout pour prévenir le soulèvement des peuples.
Décidément, c'est bien l'insurrection généralisée qui serait la solution la plus raisonnable et la plus économique en vies humaines pour tous les peuples -arabes, palestiniens, irakiens, kurdes, judéo-israélien, libanais, américain ...

Repris de la Lettre de Liaisons Numéro 219 du 17 juin 2007



17 juin 2007

Appel pour la libération de Farooq Tariq et autres détenus au Pakistan

Pour la libération immédiate de Farooq Tariq et des autres détenus après la vague de répression du mouvement démocratique au Pakistan

[Cet appel sera bientôt traduit en anglais et espagnol. Vu son urgence, n’attendez pas pour envoyer de premières signatures, avec lesquelles il sera diffusé plus largement avant d’être envoyé aux autorités pakistanaises]

Farooq Tariq, secrétaire général du Labour Party Pakistan (LPP), a été arrêté sans mandat le 5 juin 2007 dans sa résidence, à Lahore. A posteriori, le ministère de l’Intérieur a émis contre lui un ordre de détention de trois mois. Pour mieux l’isoler, il a été transféré à la prison de Bahawalpur. Toute visite lui est interdite, sauf accord préalable du ministère de l’Intérieur.

Plusieurs centaines de personnes ont été préventivement arrêtées les 5 et 6 juin et beaucoup d’autres sont soumises à des procédures judiciaires. Le pouvoir cherche à briser par la force les mobilisations démocratiques qui ont suivi la suspension, le 9 mars dernier, du président de la Cour suprême, le juge Iftikhar Mohammed Chaudry. Des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour protester contre cette mesure arbitraire. La répression a déjà fait 41 morts et de nombreux blessés à Karachi, les 12 et 13 mai. Le président Pervez Musharraf a failli décréter l’état d’urgence et nul ne sait jusqu’où le régime militaire est prêt à aller pour étouffer la contestation démocratique.

Farooq Tariq a été arrêté parce qu’il s’est pleinement engagé dans ces mobilisations et, en particulier, dans le soutien au Mouvement des avocats constitué après la suspension du juge Chaudry. Farooq Tariq est aussi connu pour ses engagements solidaires sur le plan international. Il a contribué à l’organisation du Forum social mondial de Karachi en 2006. Il a activement participé à d’autres forums mondiaux, comme ceux de Mumbai (Inde) et Nairobi (Kenya), ainsi qu’à des forums européens, dont le dernier à Athènes (Grèce). Il est, de même, un militant du mouvement antiguerre international.

La situation est d’autant plus inquiétante que le pouvoir n’hésite pas à utiliser contre Farooq Tariq et d’autres détenus des mesures intolérables : pressions psychologiques, conditions de détention inhumaines (cellules surpeuplées par très grandes chaleurs, manque d’eau et de sanitaires…), interdiction des visites...

Nous appelons au respect des droits humains et des libertés au Pakistan.

Nous exigeons la libération immédiate de Farooq Tariq et des autres détenus incarcérés pour avoir participé aux mobilisations démocratiques.

Envoyez vos signatures à : Pierre. Rousset@ras.eu.org
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Pierre Rousset
Europe solidaire sans frontières (ESSF)
http://www.europe-solidaire.org

Nouvelles d'Irak - 2

L'armée irakienne attaque... des grévistes


PETROLE - La guerre civile n'empêche pas les troupes formées par Washington de s'occuper d'un conflit social.

Tandis que syndicalistes, employeurs et diplomates du monde entier participent à la Conférence annuelle de l'Organisation internationale du travail à Genève, les exactions se multiplient en Irak. Cible des autorités irakiennes, la remuante Fédération irakienne des travailleurs du pétrole (IFOU) a le gros défaut de s'opposer au projet de nouvelle loi sur le pétrole, qui confie ce secteur aux transnationales étasuniennes. L'IFOU – qui regroupe quelque 26 000 salariés – est connue pour ses dénonciations de la corruption et pour avoir mené des actions retentissantes en défense des salaires et des conditions de travail malgré un contexte de guerre civile.

Pour ce syndicat indépendant, le Rubicon semble avoir été franchi en mai dernier, lorsqu'il menace, par communiqué, de faire grève après d'infructueuses négociations sur les salaires, les dispositifs de santé et de sécurité et le recours à la main-d'oeuvre temporaire. Surtout, le syndicat se plaint amèrement de n'avoir pas été associé à l'élaboration de la loi pétrolière, approuvée par le gouvernement mais non encore par le législatif.

Selon le président du syndicat, Hassan Juma'a Awad, «dès que la fédération a appelé à la grève, beaucoup de nos syndiqués et militants ont été menacés physiquement par des partis actifs dans le processus politique, dans le but de déjouer la grève et de saper le message des organisateurs de la grève». De quoi susciter de vives inquiétudes dans le contexte d'insécurité irakien, même si la Fédération des travailleurs du pétrole renonçait finalement à la mi-mai à sa mesure de lutte, après une rencontre fructueuse en promesses avec le premier ministre Nouri al-Maliki. Les craintes syndicales vont être rapidement confirmées.

Le 4 juin, une grève spontanée des ouvriers d'un oléoduc de Bassorah met le feu aux poudres. Les travailleurs se plaignent de retards dans le versement des salaires. Ils sont immédiatement rejoints par d'autres ouvriers du secteur qui remettent les revendications de mai sur le métier.

Le lendemain, le gouvernement, qui considère toute grève dans le domaine pétrolier comme illégale, envoie la troupe. Les grévistes sont pris au piège, encerclés par les tanks et survolés par les avions de la coalition! Des ordres d'arrestation sont lancés contre quatre leaders de l'IFOU, dont M. Awad, pour «sabotage de l'économie nationale».

Mercredi 6 juin, la fédération suspend la grève jusqu'au lundi suivant pour permettre la reprise du dialogue. Heureusement pour les ouvriers, la Fédération internationale des syndicats de travailleurs de l'industrie (ICEM) et le collectif de solidarité britannique Naftana ont immédiatement relayé la nouvelle et écrit à Bagdad pour réclamer l'ouverture de négociations.

Le 7 juin, la Confédération syndicale internationale – la plus importante organisation mondiale de travailleurs – se solidarisait à son tour avec le syndicat indépendant, exigeant «le retrait de l'armée de la grève des travailleurs du pétrole» et demandant à l'Etat «de ne pas recourir à des actes d'intimidation à l'encontre des travailleurs». Une pression qui – en pleine conférence de l'OIT – semble avoir fait son effet.

Hier, une délégation de syndicalistes a été longuement reçue par le ministre des Affaires parlementaires, sur mandat du premier ministre. Selon un message de «victoire» adressé par Hassan Juma'a Awad, toutes les charges à l'encontre des syndicalistes ont été abandonnées. En outre, une commission ministérielle de négociation a été instituée en échange de la levée du préavis de grève. Affaire à suivre.
BENITO PEREZ
12 juin 2007

Note : Pour en savoir plus : www.basraoilunion.org

Repris du site Le Courrier de Suisse

Nouvelles d'Irak - 1

L’armée US pillent les locaux du Congrès des libertés en Irak et arrêtent plusieurs membres de ses forces armées.

Les forces U.S. ont scandaleusement pillé les bureaux du Congrès des libertés en Irak (CLI) à Bagdad. Des membres de ses forces armées ont été arrêté et des documents importants confisqués.

Les activités grandissantes du CLI en opposition à l’occupation et à ses crimes et l’existence d’un noyau qui défend une identité unique pour les êtres humains en Irak et la perspective de chasser l’occupation ont créé la panique dans les rangs des forces occupantes, qui ont donné l’assaut à notre quartier général, défoncé les portes, arrêté cinq gardes et confisqué leurs armes.

Ces forces, qui autorisent le carnage dont souffre le peuple irakien, qui tuent et détruisent tout sur leur passage, favorisent les gangs sectaires qui envoient à la boucherie des centaines d’innocents, ne supportent aucune opposition. Elles sont incapables de faire face aux bannières du CLI, qui dit haut et fort “NON à l’occupation et ses crimes”, “Fin immédiate de l’occupation”, “L’occupation est l’ennemie de l’humanité”, etc.

Le lancement de la télévision satellite du CLI, la campagne annoncée par le CLI pour rejeter la loi sur le pétrole, les en faveur de l’unité contre les divisions ethniques, le front global de soutien au CLI qui grandit, le nombre grandissant des forces de sécurité du CLI capables de devenir une alternative pour rétablir la sécurité dans de nombreuses zones, leur sont insupportables.

Les forces d’occupation ont donc, pour la troisième fois, pillé nos bureaux, et enlevé nos bannières récentes des rues de Bagdad. Ces pratiques et ces actions des forces occupantes ne peuvent décourager le CLI et ses leaders de continuer leur lutte pour débarasser la société des méfaits de l’occupation. Ils veulent faire voler en éclat la volonté révolutionnaire des irakiens, mais nous resterons aux avant-postes de la lutte contre l’occupation et ses agents, et aucune force ne pourra nous soustraire au combat que nous avons choisi contre l’occupation et ses abominables politiques.

Nous condamnons ces politiques qui révèlent l’hypocrisie de l’administration US qui déverse des torrents de mensonge sur la démocratie pour justifier l’occupation et ses crimes, et nous intensifions notre lutte pour chasser l’occupation et mettre fin à ces politiques, pour la formation d’un gouvernement laïque et non-ethnique qui donnera aux Irakiens leur unité.

Unissons nos rangs pour virer l’occupation et construire une société humaine ! A bas les ennemis de l’humanité !

Samir Adel, président du Congrès des Libertés en Irak (Iraq Freedom Congress)
7 Juin 2007

Repris de Solidarité Irak

13 juin 2007

Tract du CCI (t) pour les législatives

A bas le gouvernement Sarkozy !

Pour une solution ouvrière

Pour un gouvernement ouvrier


La bourgeoisie a pu défendre son programme,

la classe ouvrière n’a pas pu défendre le sien

Sarkozy a remporté l’élection présidentielle en prônant la « rupture » avec les « demi-mesures » des gouvernements précédents.

Pour restaurer le taux de profit, préserver les parts de marchés, il a défendu résolument les solutions politiques de la fraction la plus déterminée de la bourgeoisie française : rétablir l’ordre économique capitaliste, rétablir l’ordre tout court, mettre au pas la classe ouvrière et la jeunesse pour s’attaquer le plus loin possible au droit du travail, aux salaires, aux fonctionnaires et aux services publics, à la Sécurité sociale, à l’Ecole, aux immigrés…

En face, le PS et sa candidate ont continué à prôner une politique qui, refusant de s’attaquer au capitalisme, a déjà montré à tous qu’elle était capable au mieux d’accompagner la descente aux enfers.

Les travailleurs et les jeunes dans leur grande majorité ont fait bloc sur le vote PS, sans illusion sur son programme, mais pour tenter d’écarter le danger Sarkozy. Celui‑ci a ressemblé derrière lui les voix traditionnelles de la droite, une bonne partie de celles de l’extrême droite, mais aussi de tous ceux qui, victimes à un titre ou un autre de la dégradation sociale et économique entraînée par la crise du capitalisme, n’ont vu dans le vote PS aucune raison pour que leur sort change.

Dans ces élections présidentielles, la bourgeoisie a défendu son programme, mais la classe ouvrière et la jeunesse n’ont pas pu défendre leurs solutions. Voilà la raison de la victoire de Sarkozy.

Des intérêts de classe inconciliables

Pour la classe ouvrière, la défense vitale de ses simples conditions d’existence se heurte de plein fouet aux exigences tout aussi vitales de la bourgeoisie.

Il s’agit d’un conflit irréductible d’intérêts où il n’y a place pour aucune trêve. Ou eux, ou nous. Dans ces conditions, toute entreprise, tout programme réformistes, même s’ils sont sincères et qu'ils partent de l’illusion que « quand même, ils pourraient bien partager ! » mènent à une impasse mortelle.

Mais aujourd'hui le réformisme n’est le plus souvent que l’expression de la servile intégration des dirigeants des partis et syndicats ouvriers au système capitaliste.

· Quelle réforme améliorant le sort de la population la bourgeoisie peut-elle accepter ? Aucune, à moins d’être menacée de tout perdre par la mobilisation révolutionnaire des masses, c’est à dire de perdre le pouvoir politique d’organiser et de régenter toute la société à son profit.

· Quelle augmentation générale des salaires, qui nuirait immédiatement à la rentabilité de son capital ? Aucune, à moins encore d’être menacée de tout perdre.

· Quelle réquisition des dizaines de milliers de logements laissés vacants pour des besoins de spéculation immobilière, sauf à imposer la remise en cause de son droit de propriété ? Etc. Etc.

Et quand bien même la bourgeoisie aura dû céder sur tel ou tel point, elle engagera immédiatement le combat pour reprendre au centuple ce qu’elle aura lâché, comme elle est en train de le faire aujourd'hui.

La lutte pour la défense de la classe ouvrière ne peut être efficace que si elle se fait sous le drapeau de la lutte pour la prise du pouvoir par les masses, pour l’expropriation des principaux intérêts capitalistes, pour réorganiser toute la société, la production, les échanges, les conditions de vie et de travail, les études etc. selon les besoins de la population et non la dictature du profit pour quelques-uns.

Elle n’a de sens que dans la perspective d’un autre gouvernement, GOUVERNEMENT OUVRIER, gouvernement des classes exploitées et opprimées.

Des présidentielles aux législatives

La classe ouvrière et la jeunesse ont subi une défaite dans ces élections, mais leurs forces restent intactes.

On leur avait dit, on nous avait dit : « Il faut attendre 2007. » On nous dit aujourd’hui : « Respectez le verdict des urnes ! Attendez 2012 ! » Et comme Sarkozy, pour faire passer ses plans, a besoin de s’appuyer sur les dirigeants politiques et syndicaux qui tiennent ce discours, il organise les discussions, concertations, groupes de travail, négociations sur le service minimum, la liquidation des régimes spéciaux de retraites, l’autonomie des Universités, la fin du contrat de travail à durée indéterminée… Tous se précipitent, louant la volonté de « dialogue » du gouvernement !

Dans le même temps, les dirigeants du PS, du PCF et d’autres appellent, par les élections législatives, à « équilibrer » le poids de Sarkozy et de sa politique.

En clair, on négocie les plans de Sarkozy et on en prend pour 5 ans ! Nous n’acceptons pas !

A coup sûr, les travailleurs peuvent et doivent encore se saisir des législatives pour manifester leur rejet de Sarkozy, de son gouvernement, de ses députés aux ordres.

Pour cela une seule possibilité, un vote de Front unique :

· Voter au premier tour pour un candidat de son choix parmi ceux des partis se réclamant du mouvement ouvrier : PS, PCF, LO, LCR, PT…

· Au deuxième tour, voter pour celui d’entre eux qui restera en lice, à l’exclusion de tout soutien aux candidats bourgeois, UMP, Modem et autres.

Mais les législatives ne peuvent être autre chose pour la classe ouvrière qu’une occasion de marquer son refus de Sarkozy et de son gouvernement.

La lutte de classe ne se limite pas aux élections

La classe ouvrière garde ses forces : nul ne peut oublier les preuves qu’elle en a donné en 1995, 1997, 2003, 2004, 2005, 2006, en grève et dans la rue ou même lors des échéances électorales (régionales, Non au référendum). C’est sur ces acquis, sur ces forces que peuvent s’appuyer tous ceux

· qui n’acceptent pas la remise en cause du droit de grève, du CDI, la baisse déguisée des salaires par l’exonération des charges sur les heures supplémentaires et les nouveaux cadeaux faits aux patrons, la casse des Universités, la chasse aux travailleurs sans papiers et leurs enfants…

· qui n’acceptent pas l’amplification des attaques contre les salariés, les jeunes et les immigrés, conduisant inexorablement à une misère et une précarité plus grande encore, à la perte de droits économiques, sociaux et politiques,

· qui n’acceptent pas que les dirigeants de la classe ouvrière n’ouvrent pas d’autre perspective que de subir Sarkozy et d’encaisser les coups.

Dès maintenant s’organiser !

Pour engager la mobilisation contre la politique de Sarkozy, obliger les dirigeants syndicaux à quitter la table des négociations et leur imposer, ainsi qu’aux dirigeants du PS, du PCF, etc… une opposition frontale à Sarkozy,

Pour engager et organiser cette mobilisation pour chasser Sarkozy et son gouvernement,

Les travailleurs, les jeunes, les étudiants s’organiseront à nouveau en Comités et Collectifs, réunissant syndiqués et non syndiqués, membres ou non de tous les partis et groupes se réclamant du mouvement ouvrier.

Dès maintenant, sans attendre, il faut préparer ces combats, par exemple en constituant

DES COMITES D’ACTION CONTRE LE GOUVERNEMENT SARKOZY

Pour un gouvernement ouvrier des délégués des travailleurs et des jeunes qui sauront prendre toutes les mesures nécessaires, en s’attaquant au capitalisme, pour satisfaire les revendications et réorganiser la société en fonction des besoins et non du profit.

C’est la proposition que fait le Comité Communiste Internationaliste (Trotskyste), qui organise à cet effet une REUNION PUBLIQUE LE MERCREDI 13 JUIN 2007 A 20h00 au 44 rue Saint-Georges MAISON DES PASSAGES / LYON 5e

04 juin 2007

Supplément du 4 juin 2007 à la Lettre de Liaisons.


SPECIAL LEGISLATIVES

Sarkozy exige, aux législatives de juin, une majorité aux ordres pour adopter dés l'été :

- une loi "détaxant" les heures supplémentaires, c'est-à-dire facilitant encore la possibilité pour les patrons d'imposer des heures supp', submergeant les RTT et préparant la mise en place, pour 2008, du "contrat unique de travail", le licenciement facilité tout au long de la vie ...

- des réductions fiscales massives pour les riches (mais pas pour la TVA supportée par tout le monde) entraînant des coupes dans les dépenses publiques (sauf pour la police, la gendarmerie et l'armée), avec le non remplacement de la moitié des fonctionnaires partant en retraite programmé, donc des vagues destructrices de fermetures de postes, d'écoles, de lits ...

- une loi sur l' "autonomie des universités", alors que celle-ci est déjà "autonome", qui vise à faire fonctionner les universités comme des entreprises, et à les faire financer par les entreprises.

- pour pouvoir contraindre les employés de l'industrie et des services à se plier à la loi patronale, les fonctionnaires et les usagers à voir les postes et les établissements s'étioler, les étudiants à voir programmes, moyens et droits d'inscription se différencier selon les universités, les cheminots et les chauffeurs de locomotives à accepter la liquidation de leurs droits à la retraite (qui ne sont pas un "privilège", mais qui sont l'un des derniers bastions du droit autrefois conquis par tous les travailleurs de partir après 37,5 années), ils vont commencer à mettre en place le "service minimum", première pierre des lois anti-grèves en préparation.

- un arsenal de mesure renforçant les peines, "peines plancher", remplissage assuré des prisons, et programmation de 25 000 expulsions de familles qui ne sont pourtant pas venues en France de gaieté de coeur ...

- et tout de suite l'aggravation du déremboursement des médicaments par la Sécu.

Ce dispositif estival vise à mettre tout le monde devant le fait accompli à la rentrée et à "impliquer" les syndicats dans la mise en oeuvre de la politique de Sarkozy. Ils veulent créer un "choc" (fiscal, social, médiatique, et peut-être aussi guerrier s'ils nous entraînent derrière Washington en Iran ...) qu'ils veulent définitif, sur le modèle de ce que Thatcher avait fait en Grande-Bretagne.

Ils savent, pourtant, qu'ils vont se heurter à la résistante de la majorité -nous disons bien de la majorité, c'est-à-dire la majorité sociale, celle qui ne veut pas de cette politique et de ses conséquences. Ils savent qu'ils ont gagné la présidentielle grâce à la politique des partis "de gauche" et que pour l'instant, ils n'ont pas encore construit une base durable pour leur politique. Ils vont essayer de se la créer.

La première pierre dans l'engrenage, la première chose à faire, le premier acte de la contre-attaque, préparant l'affrontement social inévitable, serait donc de battre Sarkozy aux législatives.

Sur quoi, sur qui, compte Sarkozy pour gagner ses législatives et en faire, non pas des élections législatives, à peine de vraies élections, mais une nomination des groupies du chef suprême par le bon peuple ?

Il est aidé par tout les dirigeants de gauche qui déclarent à l'unisson, à de rares exceptions prés, que le but dans ces élection, c'est de "rééquilibrer", de "construire des contre-pouvoirs", renonçant ouvertement à l'objectif pourtant électoralement réalisable de battre Sarkozy et la droite les 10 et 17 juin !

Cela va de Ségolène Royal qui, renonçant elle-même à se présenter, explique que l'objectif est de former une "opposition" pour qu'elle puisse se représenter dans 5 ans et, comme elle dit, "nous conduire vers d'autres victoires" ... à Arlette Laguiller qui se demande, dans son discours à la fête de LO, "avec l'actuelle constitution et les pouvoirs du président, à quoi bon des députés d'opposition ? ". Ainsi, il y aurait ceux qui ne veulent que des députés d'opposition, et ceux qui n'en veulent même pas ... Unis pour être désunis, d'accord pour perdre !

La classe ouvrière, la jeunesse notamment qui par son vote des 22 avril et 6 mai a déjà massivement rejeté Sarkozy et dont des secteurs ont déjà manifesté depuis, ne peuvent pas l'entendre de cette oreille. Oui, oui, on sait, il s'agit encore une fois de voter pour les mêmes qui ont organisé les défaites ! Mais cette fois-ci c'est en ne votant même pas pour eux que l'on fait leur jeu ! Ne leur permettons pas de perdre.

Le problème est très simple :

- Voulons-nous perturber, empêcher, la mise en route de l'attaque frontale de Sarkozy contre la société, prévue pour cet été ?

- Voulons-nous préparer sérieusement l'affrontement qui aura lieu, effectivement en dehors des échéances électorales, mais non en les ignorant ? OUI ou NON ?


Si oui, alors votons PS, PC, LCR, LO, PT le 10 juin prochain ... et pour celui arrivé en tête parmi eux au second tour du 17 juin.

Et pas une voix ouvrière, pas une voix de jeune pour l'UMP, le FN, le "Nouveau centre" et le "MODEM", ni au premier ni au second tour !

02 juin 2007

Le timing de Sarkozy-Fillon

Repris de La Lettre de Liaisons N°217 du 31 mai 2007

Sarkozy ne sera pleinement le président de la V° République que quand il aura constitué une assemblée UMP (et accessoirement "Nouveau centre") aux ordres.

Cette étape est logique du point de vue des institutions. Du point de vue de la classe ouvrière, comme du point de vue de la démocratie, elle est rien moins qu'admissible.

Cependant, tous les dirigeants des partis de gauche donnent pour but aux élections législatives de "limiter la casse" ou d' "équilibrer les pouvoirs"' -un but totalement mensonger car dans la V° République une minorité parlementaire a les mêmes pouvoirs, c'est-à-dire aucun (ou ceux que le président veut bien lui concéder pour qu'elle collabore), qu'elle soit de 10% ou de 49% des députés. Par cet objectif, ils signifient aux travailleurs qu'il n'est pas question pour eux de gagner.

Ces élections législatives sont celles qu'il est interdit de gagner. La palme du cynisme revient à Julien Dray : "Nous serions des Zébulons si nous disions que nous voulons gagner". Des Zébulons : la majorité qui s'apprête à résister réellement appréciera.

Fort de ce soutien, Sarkozy et Fillon peuvent planifier leur offensive, avec le nécessaire mélange de prudence et de détermination auquel ils sont contraints.

Le "contrat unique de travail".

lls annoncent donc le vote de plusieurs "grandes" lois dés l'été, afin de poser autant de faits accomplis à la rentrée, pour que les "partenaires sociaux", c'est-à-dire les syndicats, participent à l'application de leurs décisions.

Leur perspective clef est de modifier les relations de travail de manière définitive dans les entreprises. Dans bien des entreprises, les relations de travail sont d'ores et déjà d'une brutalité totale, mais la soumission des salariés n'est pas acquise et des revirements brusques peuvent se produire. La jeunesse, qui a manifesté contre le CPE et rejeté Sarkozy à une forte majorité, n'est pas disposée à se soumettre pour la vie à la loi du capital. La présence syndicale dans les entreprises (privées) a d'ailleurs augmenté ces dernières années, le nombre d'établissement ayant des délégués syndicaux atteignant 38% selon les chiffres officiels, en 2004-2005.

Cette perspective clef est exprimée et symbolisée dans le thème du "contrat de travail unique". Adopté par l'UMP (et par l'UDF de Bayrou, sous une forme légèrement différente) cet objectif "programmatique" remonte en fait à Sarkozy ministre des Finances : fin 2004 il recevait un rapport, répondant à sa commande, le rapport Cahuc-Kramarz, intitulé De la précarité à la mobilité : vers une Sécurité sociale professionnelle. Ce titre n'est pas choisi au hasard : il reprend ce serpent de mer apparu dans les congrès du PCF au début des années 1990, repris ensuite par la CGT et introduit dans les programmes du PS sous l'impulsion de la direction de la CGT. Sarkozy lançait alors les "Contrats de Transition Professionnelle" consistant à faire financer par les pouvoirs locaux (élus locaux, Chambres de commerce et d'industrie et confédérations intégrées au dispositif) l'allocation de main-d'oeuvre en fonction des besoins, les obligations légales de reclassement des entreprises licenciant disparaissant au passage par ce transfert. Et il prenait le contrôle de l'UMP au même moment, intégrant le "contrat unique" dans son programme.

La ligne directrice du rapport Cahuc-Kramatz consiste à amalgamer CDI et CDD (Contrats à Durée Indéterminée et Contrats à Durée Déterminée) en un "contrat unique". La propagande orchestrée depuis prétend parfois qu'ainsi disparaîtrait l'incertitude du CDD. Le rapport en question explique pourtant que l'intérim, notamment, relèverait du "contrat unique". Or un contrat d'intérim ne peut pas être autre chose qu'un CDD : il y a donc là l'aveu que le "contrat unique" pourrait très bien être un CDD et que les CDD resteraient des CDD.

Ce sont plutôt les CDI, évidemment, qui s'en rapprocheraient !

Les droits à indemnités en cas de licenciement des salariés augmenteraient en fonction de la durée du contrat, selon des modalités que le dit rapport propose mais qui restent évidemment à fixer concrètement. Ces droits à indemnités pourraient éventuellement subsister en passant d'un contrat à un autre, le droit social devenant donc "individuel" : outre que ce point est loin d'être clair, on voit donc qu'il ouvre le principe de droits non plus sociaux, mais individuels et individualisés. A terme, le but est que chaque salarié ait un contrat, ou une série de contrats, individuels, dérogeant aux conventions collectives qui fondent leurs droits réels, et un livret de travail comme on disait au XIX° siècle, un dossier emploi-formation "tout au long de la vie" comme on pourrait dire aujourd'hui, les suivant dans leurs "parcours professionnels individuels sécurisés".

Ce sont ces indications données par le ministre des Finances Sarkozy, que le premier ministre De Villepin a reprises à partir de son arrivée à la tête du gouvernement, en juin 2005. Il a fondé sur elles ses deux mesures clef : le CNE dans les petites entreprises, et le CPE à l'encontre des jeunes, qui a eu le sort que l'on sait, Sarkozy se faisant silencieux sur le sujet au passage, pour un temps. Le CNE est resté en place, instituant le précédent du licenciement sans motif. La possibilité de licencier sans limites est en effet le vrai contenu de ces projets, le socle sans lequel ils perdraient leur intérêt économique pour le patronat, et leur intérêt pour refonder le rapport de force social et les relations de travail.

Telle est la perspective générale, historique pourrait-on dire, de ce gouvernement.

La politique anti-grève : l'objectif, c'est le "privé".

Elle n'est pas séparable d'une politique anti-grève qui, là encore, vise à protéger la production de plus-value. L'accent médiatique est mis sur la question du service minimum dans les transports en commun, mais ceux qui sont visés à terme sont les travailleurs qui paient ces transports.

En effet, N. Sarkozy déclarait, dés le 22 juin 2006 à Agen : "A celui qui est contre la grève obligatoire imposée par une minorité, je propose la démocratie par l'organisation obligatoire d'un vote à bulletin secret dans les huit jours qui suivront tout déclenchement d'un mouvement social." Au congrès de l'UMP du 14 janvier dernier il y refait allusion. Le 29 janvier, dans le journal patronal La Tribune, Xavier Bertrand, maintenant ministre des "relations sociales", expliquait la tactique consistant à taper d'abord sur les fonctionnaires et les travailleurs des services publics et des entreprises nationales (en cours de privatisation), pour diviser les travailleurs et pour affaiblir d'abord les plus organisés, et il indiquait aussi que la jeunesse étudiante était visée : "Ces nouvelles règles s'appliqueront d'abord dans les entreprises en charge d'un service public, dans les universités et dans les administrations.". Quelques jours plus tard, le 1° février, Rachida Dati précisait bien que ce sont tous les travailleurs du "privé" qui sont visés : "Le vote à bulletin secret commencerait par le service public et pourrait être élargi au privé d'une manière générale."

Il est important de faire connaître ces objectifs réels compte tenu de la discrétion présente du gouvernement et aussi des centrales syndicales sur la cible finale et décisive : les travailleurs dans les entreprises. Ce qui est à relier aussi à l'inclusion de la jeunesse étudiante dans ce programme : les gouvernants ont compris que les formes de lutte contre le CPE étaient d'authentiques piquets de grève et y avaient initié de larges couches de la jeunesse qui est en train d'arriver sur le marché du travail.

Quand Sarkozy proteste contre "la grève obligatoire imposée par une minorité", il peut au nom de la "démocratie" dénoncer comme illégitimes la presque totalité des grèves. Il est en effet rarissime qu'une grève soit souhaitée par une large majorité à la suite d'un débat serein et dépassionné pesant le pour et le contre, que ce soit à l'échelle d'une entreprise, d'une branche ... ou d'un pays. Pour une raison bien simple : le mode de production capitaliste consiste dans la vente obligatoire de sa force de travail pour pouvoir vivre, et non garantie, imposée à une majorité par la minorité qui détient les moyens de production. Cela à l'échelle de la société. Le corollaire à l'échelle de l'entreprise en est obligatoirement le despotisme, ouvert et avoué ou "participatif", que le patron soit un type sympa ou une peau de vache. L'inégalité entre employeur et employé est d'ailleurs inscrite dans la notion même de contrat de travail et constitue le fondement du droit social, censé la corriger (sans y arriver, évidemment, ce qui n'en diminue en rien la nécessité tant que le salariat n'est pas aboli ! ).

La grève a toujours été un acte construit par l'initiative de minorités déterminées ou organisées, qui ont su cristalliser le désir de la majorité qui, autrement, demeurait refoulé et réprimé. L'acte véritablement démocratique, c'est la grève. Le droit de grève n'aurait jamais été conquis sans des initiatives "anti-démocratiques", des mises devant le fait accompli (les portes sont fermées, il y a un piquet ...), des actes de violence sans lesquels aucune légalisation ne serait jamais intervenue. La grève est illégale par essence. La grève n'est pas simplement l'acte par lequel on refuse de travailler à un moment donné. Elle modifie les rapports existants et créé un climat dans lequel les travailleurs discutent, s'ouvrent les uns aux autres de nouveaux horizons, se découvrent et découvrent leur force. Les assemblées générales, organisme vivant groupant le collectif de travail devenu collectif de grève, sont le lieu par excellence de ce travail collectif de soi sur soi. La grève par son existence même, et par ce qu'elle permet -piquets, assemblées, discussions, organisations, comités élus, unité syndicale, coordination des délégués ...- pose des questions qui vont au delà de ses motifs limités : elle met en cause, par cela même qu'elle l'interrompt fut-ce si peu, le principe de l'exploitation et l'ordre politique qui le soutient.

Sarkozy n'est peut-être pas le génial disciple de Gramsci que semblent s'imaginer certains, mais nul doute que lui et ses conseillers ont conscience de la réalité de ce qu'est "la grève" et que c'est à cela qu'ils en ont.

La question n'est ni strictement économique, ni celle de la "gène" des usagers.

D'un point de vue strictement économique, les grèves dans les entreprises sont en diminution. Ce phénomène est lié, depuis les années 1980, au recul syndical et au redéploiement de la production que la politique de la gauche au pouvoir et des directions syndicales ont permis (qu'il suffise de rappeler qu'aucun appel véritable à la grève interprofessionnelle dans les entreprises n'a été lancé par les confédérations en France depuis 1977, date qui précède la précarisation massive du travail et la formation du chômage massif). Mais il est également lié à l'évolution même du capitalisme : une grève dans une "PME" isolée est très difficile -bien qu'il s'en produise, parfois de manière brève et explosive sur un mot de trop- car toutes sont sous-traitantes des mêmes groupes et en concurrence les unes avec les autres, ce qui fait que la grève n'est réellement envisageable, sur des revendications importantes, qu'à l'échelle d'une branche, d'un site, ou des deux. Mais la réalité de la grève dans les entreprises, en termes de journées de travail "perdues" pour les patrons, est actuellement faible.

Quand aux grèves dans les transports en commun si souvent invoquées, les statistiques de la SNCF rapportent en fait seulement, en tout et pour tout, 3% des retards et trains manqués à des grèves. Chiffre infime en comparaison du battage qui est fait. La réalité pure et simple est que moins il y aura de grève, plus il y aura de retards dans les trains et dans le RER, car le démantèlement du service progressera plus vite.

Ce n'est donc pas pour la "gène" ni pour le "manque à gagner" des malheureux employeurs que le gouvernement veut sévir contre le droit de grève.

C'est parce qu'il a conscience du danger de regroupement des travailleurs et qu'il veut y couper court. Si les cheminots sont visés c'est à cause de la grève de 1995, dans laquelle ils avaient reçu le soutien de la masse des travailleurs "qui ne pouvaient pas aller travailler". Si les enseignants sont visés c'est à cause de 2003, où leur grève généralisée avait failli défaire le gouvernement Raffarin. Si les étudiants et les lycéens sont visés c'est à cause de 2006 et de leur victoire sur le CPE. Les objectifs "sociaux" du gouvernement sont entièrement politiques.

Le vote à bulletin secret sous contrôle d'huissier vise à refaire de chaque gréviste un travailleur individuel ayant vendu individuellement sa force de travail, à le dessaisir de sa grève et à en casser la dynamique, pour finalement rendre toute grève impossible, remplacer les piquets de grèves par des cordons de policiers ou de nervis patronaux. Cela ne fera que les rendre illégales, mais le rapport de force si ces mesures entraient dans la vie serait durablement détérioré pour les travailleurs, comme cela s'est passé dans la Grande-Bretagne de Mme Thatcher. Il est d'ailleurs évident que le discours sur le "vote à scrutin secret au bout d'une semaine" ne peut être qu'un début, car il est souvent plus facile d'interdire une grève que de la briser une fois qu'elle est lancée. En Grande-Bretagne le vote secret est un préalable à toute grève, sa valeur ne dure que pour 4 semaines, les grèves interprofessionnelles et de solidarité sont interdites, la justice peut être saisie par l'employeur et si elle estime que les motifs n'étaient pas bons les "responsables" peuvent être légalement licenciés. Voila le régime dictatorial auquel aboutit leur "démocratie". Rien d'autre que le travail ou le chômage obligatoires imposés par la minorité capitaliste. Voila le régime que les travailleurs britanniques tôt ou tard devront détruire par des grèves illégales massives.

Politique anti-grève et service "minimum".

Conscient du rapport de force réel, à la différence des théoriciens du masochisme de gôche pour qui le "populisme" est déjà au pouvoir, Sarkozy le "gramscien" prend ses précautions. Il n'insiste plus trop sur son projet concernant les entreprises, qui n'est cependant pas du tout enterré. Et il reçoit les dirigeants syndicaux. Il les reçoit même sans arrêt. C'est à vous donner le tournis en réceptions. Et les dirigeants syndicaux ressortent, qui "rassuré", qui ayant obtenu une "clarification", qui ayant eu des "assurances" ... que tout "se passera dans la concertation".

Au moment où la mise en cause du droit de grève est à l'ordre du jour, la principale centrale de la classe ouvrière française, la CGT, n'a qu'une seule initiative centrale avant les élections législatives : un "meeting national" à Dunkerque, le 4 juin, pour obtenir des départs anticipés en retraites pour les personnes ayant un travail pénible. Juste revendication à ceci prés ... qu'elle repose explicitement sur l'acceptation de la loi Fillon qui va faire partir toujours plus tard l'ensemble des travailleurs ! Le tract d'appel à ce "meeting national" ne mentionne la loi Fillon de 2003 contre les retraites qu'une seule foi : pour dire qu'il est regrettable que "ce problème de retraite anticipée" n'ait pas été réglé par elle, car cela aurait pu se faire dés 2003 !

Quel message : à la veille de législatives où Sarkozy demande une chambre aux ordres pour casser le droit de grève et le contrat de travail, Bernard Thibault fait un "meeting national" pour aménager la loi Fillon contre les retraites, et puis c'est tout !!!

Sarkozy est conscient du rapport de force réel et sait aussi sur qui il peut compter.

L'objectif pour son gouvernement est d'avoir instauré le dit "service minimum" au moins à la SNCF avant la fin 2007. Et de "négocier" le "nouveau contrat de travail" dans le courant de l'année 2008 (et liquider les régimes spéciaux, ces soi-disant "privilèges" qui représentent en réalité le danger vivant d'un retour aux 37,5 annuités pour tous ! ). Ainsi, les choses sont parfaitement claires.

Les toutes premières attaques gouvernementales vont donc cibler : fonctionnaires, cheminots, étudiants, parallèlement aux lois "sécuritaires" également en préparation et aux expulsions de sans-papiers.

Un point qu'ils n'ont sans doute pas encore tranché, c'est de savoir si l'opération "service minimum" concernera aussi les enseignants. Mais au fait, qu'est-ce que le "service minimum" ?

Légalement, celui-ci existe déjà dans les Hôpitaux, et à travers l'obligation d'accueil, à défaut d'enseignement, des enfants dans les établissements scolaires. De plus, à chaque grève massive, les grévistes savent organiser eux-mêmes leur "service minimum" tout en poursuivant la grève contre les patrons. Ni en 36, ni en 68, les soins médicaux publics n'ont été stoppés. Et dans les transports, un "service minimum" ... sans faire payer les billets frapperait durement l'employeur si les fédérations syndicales osaient ! Les grèves réelles, les grèves totales, ménagent toujours un certain "service minimum", pas pour l'employeur, mais pour les travailleurs et la population eux-mêmes. Mais de ce "service minimum" là nos gouvernants ne veulent surtout pas, car il procède de la grève !

Une législation imposant le "service minimum" ne saurait absolument être rien d'autre qu'une législation anti-grève. On peut tourner, retourner cette histoire comme on veut, ce qui est ici visé, c'est le droit de grève, rien que le droit de grève mais tout le droit de grève avec tout ce qu'il implique.

C'est pourquoi on ne peut que s'interroger devant cette déclaration de Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT Cheminots : "La CGT-Cheminots est disponible pour discuter de l'amélioration du dialogue social et d'une meilleure prévention des conflits, mais elle ne se mettra pas autour de la table pour négocier la remise en cause du droit de grève." Donc, elle ne devrait pas se mettre "autour de la table" pour négocier la mise en place du "service minimum" ? Mais alors pourquoi ne pas le dire ? Parce qu'on a quand même l'intention de se "mettre à table" ? Pour manger quel plat ?

Il est vrai que Didier Le Reste intervient ici, quelques jours après une déclaration de Bernard Thibault expliquant au Monde le 10 mai dernier, à propos du "service minimum", que "ce n'est pas au niveau interprofessionnel qu'il faut traiter ces questions."

Non. La question du service minimum; c'est la question du droit de grève. La question du droit de grève, c'est celle du droit de toute la classe ouvrière à exister, ni plus, ni moins. Elle est interprofessionnelle, elle est nationale, elle est politique. Au plus haut point.

Intergroupe : déclarations communes - Mai 2007

Notre perspective : défaire Sarkozy.

Suite à l’élection présidentielle, nous avons sous Sarkozy un gouvernement de combat contre la classe ouvrière, contre la jeunesse, contre les droits démocratiques. Ce gouvernement toutefois n'est en mesure d'engager ses attaques qu'en raison de la participation des dirigeants syndicaux à la "concertation" avec lui et de l'orientation des dirigeants politiques des partis issus du mouvement ouvrier (PS et PCF notamment, mais aussi l'extrême - gauche), qui déjà a provoqué leur défaite à la présidentielle.


La classe ouvrière et la jeunesse, eux, ne sont en rien responsables de cette situation. La perspective dont ils ont besoin, c'est le regroupement pour défaire Sarkozy, et imposer un gouvernement qui nous représente réellement, sans représentants des intérêts de la bourgeoisie et mette en oeuvre un programme d'urgence n'hésitant pas à rompre avec le capitalisme.


Les courants politiques membres de l'Intergroupe (Le Militant, le Comité Communiste Internationaliste (Trotskyste), la Commune, le Club Liaisons Socialisme Révolution Démocratie) entendent tout faire pour aider notre classe à défaire Sarkozy, approfondir et amplifier le débat entre nous et avec les travailleurs sur le programme et la stratégie politique visant à la victoire, pour avancer vers la construction d'un parti représentant réellement la classe ouvrière et l'avènement d'un gouvernement à son service.




Sur la répression.


Sitôt apprise l'élection de Sarkozy, des milliers de jeunes, spontanément ou en réponse à des provocations policières, ont manifesté à plusieurs reprises dans de nombreuses villes de France. Fait sans précédent dans l'histoire de la V° République, la légitimité du président était ainsi contesté immédiatement par des secteurs de la jeunesse, dont on sait qu'elle l'a majoritairement rejeté dans ces élections.

La réaction de ces secteurs de la jeunesse anticipe sur celle de toute la classe ouvrière. Loin de les condamner, il ne faut pas les laisser seuls, en proie aux provocations et au risque de l'isolement.

Des peines souvent lourdes sont venus accompagner les violences policières, tendant à introduire une jurisprudence nouvelle qui relève de l'état d'exception : si vous êtes pris à manifester ouvertement contre Sarkozy, la peine sera ferme et sans sursis.

Aucun militant ouvrier, aucun défenseur réel de la démocratie, ne peut accepter cela.

La responsabilité des organisations syndicales, des partis issus du mouvement ouvrier, des organisations de jeunesse, des organisations de défense des droits et libertés démocratiques, est de prendre position contre ces condamnations et de prendre des mesures pour assurer la défense de ces jeunes.

L'intergroupe appelle les militants à intervenir dans leurs syndicats pour cela, à collecter et centraliser les informations pour assurer cette défense.


Note :
L'Intergroupe est constitué par le Club Liaisons Socialisme Révolution Démocratie, le Comité Communiste Internationaliste (Trotskiste), La Commune, Le Militant.