15 mars 2007

Iran : échos du 8 mars 2007

Rapport de l’Organisation pour la Libération des Femmes – Iran (Extraits)

Un 8 mars historique en Iran
Les forces de sécurité attaquent les rassemblements de la Journée Internationale des Femmes
Assemblées dans différentes villes pour la liberté et l’égalité en 2007

Les gens ont accueilli favorablement la journée du 8 Mars cette année en Iran en organisant de nombreux événements dès avant le jour même à travers tout le pays. Cela a culminé par des rassemblements le jeudi, Jour International des Femmes. Les gens se sont passionnés par cette journée, ont préparé des manifestes, des résolutions, des banderoles, demandant l’égalité, condamnant l’apartheid de genre et l’oppression des femmes. Comme d’habitude, le régime islamique a tout essayé pour arrêter et prévenir ces initiatives. En dépit de la présence massive des paramilitaires et de la police secrète, de nombreux piquets et rassemblements ont eu lieu.

Téhéran
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées autour de l’Université de Téhéran vers 16H pour commencer le rassemblement appelé par le comité d’organisation pour le 8Mars, soutenu par l’OLFI. Néanmoins, ce rassemblement fut empêché par les forces de sécurité. La République Islamique avait décidé d’empêcher toute célébration ici du 8 Mars. La présence massive des flics dans et autour de l’Université et du Parc Daneshjoo, là où ce rassemblement devait se clore, a entravé toute tenue de meeting. Toute personne qui tentait de lancer des slogans était immédiatement attaquée et arrêtée. Des témoins ont rapporté au siège de l’OLFI avoir vu près de 25 personnes ainsi arrêtées à l’Université ou au square Vali-e-asr.

Certains des manifestants ont alors décidé de tenter à un autre endroit. Vers 18H, on rapporte qu’il y a eu un grand rassemblement au square Mohseni au nord de Téhéran, Les forces de sécurité l’ont attaqué aussi.

Un autre meeting pour le 8 Mars a été organisé près du Parlement pour 14H. Environ 200 personnes ont tenté de se rassembler avant de subir l’attaque des forces de sécurité, quelques personnes ont été arrêtées. Les organisateurs du rassemblement ont cherché à lire leur déclaration. La foule rassemblée a exigé la libération des militantes féministes arrêtées le dimanche 4 Mars.


Université de Téhéran, 8 Mars 2007
Environ 1000 à 1500 personnes se sont rassemblées dans l’université pour protester contre la ségrégation et l’apartheid, basés sur le genre, contre la dictature et l’Etat policier. Les gens chantaient « le socialisme viendra ». Quelques orateurs ont pris la parole pour les revendications des femmes et lu une résolution clarifiant celles-ci. Des portraits de Mansoor Hekmat, le dirigeant du Parti Communiste-ouvrier, ont été exhibés, et les participants ont clos le rassemblement en chantant l’Internationale.

Environ 300 personnes se sont rassemblées au square Vali-Asr. Elles furent empêcher de démarrer la célébration du 8 Mars par les services secrets qui étaient massivement présents dans la foule. Les manifestants durent attendre pour trouver une occasion de lire leur déclaration mais ils furent stoppés.


Université Allameh, 4 Mars 2007
Plus de 700 personnes se sont rassemblées pour s’opposer au niveau code vestimentaire pour les étudiantes qui a été introduit à l’université. Les étudiants chantaient des slogans condamnant les méthodes fascistes de contrôle de l’université. Une étudiante a déclaré « nous ne vous laisserons pas transformer l’université en une arène du fascisme et de la réaction ». Un étudiant a déclaré « ce nouveau code vestimentaire encore plus contraignant n’est pas seulement dirigé contre les femmes, mais aussi contre nous (les hommes) et l’humanité entière ». Les principales revendications portaient sur les restrictions aux libertés individuelles.

Tout en chantant des chants protestataires, les étudiants sont sortis du campus. Les slogans étaient « Non à la réaction ! », « Ils veulent nous habiller encore en noir ! ». Les paramilitaires étaient tout le temps présents dans la foule et filmés la scène. Une certaine tension régnait.


Cinéma et Thêatre de la faculté, 5 Mars2007
Les étudiants rassemblés à la faculté pour protester contre les limitations imposées par le nouveau code vestimentaire au moment des inscriptions. En dépit des conditions imposées aux étudiantes refusant de se soumettre au code vestimentaire revu à la hausse, de ne pouvoir être réinscrites à l’université, les étudiants ont cherché à lui résister. Ils ont porté leurs vêtements habituels (à l’opposé du code vestimentaire) à l’université.

Université de Sharif, 4 Mars 2007
Cet événement à l’université a été rempli de banderoles. Les protestataires ont chanté des chansons progressistes et déployé des banderoles proclamant « Liberté, Egalité », « La liberté des femmes est celle de la société », « Les femmes sont les principales victimes de la guerre, de la pauvreté et de la violence », « Non à l’apartheid de genre ! », « Nous défendons les luttes de enseignants et des travailleurs ! », « Le mouvement étudiant uni aux cotés du mouvement des femmes et du mouvement ouvrier ! ».

Des discours ont été prononcés par des étudiants et des étudiantes dénonçant la menace de guerre et soulignant l’importance de s’unir avec les autres mouvements sociaux pour une société libre et égalitaire. La cérémonie s’est déroulée en dépit de la pression policière. Les espions dans la foule tentaient d’interrompre les discours mais ils ont été isolés. Un des organisateurs du rassemblement leur a dit qu’ils ne pouvaient ramener l’horloge de l’histoire aux années 80’ quand des dizaines de milliers de personnes étaient exécutées.

Un manifeste en défense des droits des femmes a été lu à la fin et ainsi 150 ans de lutte internationale pour les droits des femmes et pour la liberté et la libération de l’humanité ont été célébrés.


Esfahan, 8 Mars2007
Deux initiatives se sont déroulées dans la ville d’ Esfahan. L’une au « Parc Boostan » et l’autre à la principale bibliothèque. Des femmes ont enlevé leur voile pendant plusieurs minutes pour exprimer leur haine des lois islamiques. Elles ont exprimé leur revendication d’obtenir la liberté vestimentaire et ont condamné l’apartheid de genre.

Sanandaj, 8 Mars 2007
Historiquement, Sanandaj est connue comme une « ville rouge » en raison des traditions du mouvement radical et progressiste. Chaque année, des séminaires sont organisés le 8 Mars. Cette année, la police et les services secrets ont attaqué la cérémonie et arrêté de nombreuses personnes. Un rassemblement au principal centre de la ville a été attaqué par les Gardes islamiques, des personnes ont été arrêtées et certaines blessées.

Les noms des personnes arrêtées : Asoo Saleh, Peyman Nemati, Akoo Kord-Nasab, Sooran Hoseini, Voorya Tdayon, Parviz Poorrezaee, Fateme Zamani, Soraya Mohamadi, Sima Alikhani, et Salah Zamani. Il a été rapporté au siège de l’OLFI que tous les arrêtés d’hier ont été relâchés à l’exception de Peyman Nemati and Salah Zamani.

Kamyaran, 8 Mars 2007
Dans cette ville aussi, la présence policière était forte. Des dizaines de personnes se sont rassemblées pour célébrer cette journée, autour des tombes des femmes victimes des crimes d’honneur ou suicidées, proclamant leur résolution à défendre les droits des femmes.

Sagez, 8 Mars 2007
Dans cette autre ville du Kurdistan, il y avait beaucoup de monde pour célébrer cette journée internationale des femmes. Des femmes ont pris la parole pour dénoncer leur condition et exprimer le besoin de changement. La lutte pour les droits des femmes et l’abolition de l’apartheid de genre ont été les thèmes principaux des cérémonies.

Université de Tafrash, 6 Mars 2007
Un rassemblement s’est tenu à la faculté du génie électrique auquel de nombreux étudiants ont pris part. Une étudiante a parlé au sujet des limites imposées par la société aux femmes, en particulier à l’université. L’assemblée a adopté une résolution stipulant notamment : « la liberté dans une société se mesure à celle accordée aux femmes », « Nous continuerons dans la tradition du 8 Mars jusqu’à que toutes les discriminations soient abolies », « Je suis un être humain avant d’être une femme » et « Liberté, égalité ».

Le lundi 5 mars, environ 100.000 enseignants ont fait grève. Le 8 mars, 10.000 enseignants ont participé à un piquet autour du Parlement pour exiger la justice et de meilleurs salaires. Le régime a refusé de satisfaire leurs revendications. Le 8 mars, de nombreux étudiants et le mouvement des femmes ont exprimé leur solidarité avec les enseignants. De nombreux tracts consacrés au 8 Mars ont été distribués parmi les manifestants. Il y a eu des discussions au sujet du 8 Mars parmi les manifestants à l’Université de Téhéran.

Le lundi 5 mars, plusieurs milliers de salaries d’entreprise ont rejoint les enseignants pour exiger le versement des salaries impayés. De nombreux comités de travailleurs ont publié des messages le 8 mars pour célébrer la Journée Internationale des Femmes.

Traduction reprise du Numero 210 de la Lettre de Liaisons