28 mars 2007

De la rue Rampal à la Gare du Nord

Les faits qui se sont déroulés à une semaine d’intervalle à la sortie de l’école maternelle de la rue Rampal dans le 19ème arrondissement de Paris et à la Gare du Nord, ce mercredi soir, sont significatifs de la situation en France.

Certes au regard des plus de 60 millions d’habitants que compte ce pays, les quelques dizaines de personnes dans la rue Rampal, et les quelques centaines à la Gare du Nord sont une poignée. Néanmoins, dans ces deux cas, sans la moindre préparation, sans la moindre concertation préalable, des gens se sont opposés spontanément à l’arbitraire policier et ont provoqué un effet politique qui vise directement le pouvoir en place.

Ni les mères de famille venant chercher leur progéniture à une sortie de maternelle, ni les banlieusards harassés par une journée de boulot ne sont des révoltés par destination. Et pourtant, il a suffi d’interventions policières musclées pour provoquer des réactions spontanées de la part de gens qui, au préalable, n’étaient nullement liés par un projet commun et qui avaient bien d’autres soucis en tête en quittant leur domicile ou leur travail que d’aller s’opposer à la police.

« Laisser les grandir ici », « Sarkozy enculé », « transports gratuits », « non aux expulsions », en quelques slogans, beaucoup de la politique gouvernementale se retrouve massivement vomi par un échantillon de la population.

Malgré les dissimulations et distorsions de la grande presse, on finit par comprendre que la Gare du Nord a été le lieu d’affrontements ou d’une grande tension pendant plus de trois heures. Le candidat Schivardi, entendu sur France Inter ce jeudi soir, a dit que la Gare d’Austerlitz était anormalement bourrée de flics ce même mercredi soir, alors que, provincial, il était de passage dans la capitale.

Le reportage sonore de France Inter rapportant le passage de Sarkozy dans la même Gare du Nord ce jeudi matin, sous les huées, pour aller prendre le TGV Nord apporte un supplément à ce tableau. Le pouvoir actuel est largement, majoritairement impopulaire mais tous les partis d’opposition de gauche n’en tirent rien. Pire, les sondages donnent la gauche, tous candidats confondus, à un niveau terriblement bas.

Les déclarations de Royal, suite aux incidents de la gare du Nord, ont consisté à se lancer dans la course sécuritaire. Et la gauche hors PS se contente de dénoncer les actes du régime et de sa police mais n’appelle pas à s’en débarrasser.

Le communiqué de la LCR, paru le 28 mars, en est un exemple typique. La politique gouvernementale est stigmatisée, mais aucune issue politique n’est indiquée. Pourtant, la seule façon de mettre un coup d’arrêt aux actuelles pratiques policières consiste tout simplement à virer ce gouvernement qui est le chef de cette police.

PS, PCF, LO, LCR, PT, Collectifs anti-libéraux, chacun à leur manière, chacun dans son registre, tous ont le regard porté sur la même ligne bleu horizon du pouvoir UMP. Ligne indépassable, ligne destinée à demeurer éternellement sous nos yeux tandis que « les luttes, les luttes » se suivraient pour « résister » jusqu’à la fin des temps.

Aujourd’hui, en France, le pouvoir UMP, ses hommes, sa politique, son candidat sont discrédités mais Sarkozy ..ou Bayrou sont donnés vainqueurs au deuxième tour. Ce paradoxe doit être combattu en réunissant les conditions d’un passage de la mobilisation défensive à la recherche offensive d’une issue se fixant comme objectif conscient d’en finir avec Sarko, Bayrou, Le Pen et de Villiers, et de se débarrasser de la majorité UMP-UDF à l’assemblée.

Il faut aider ce rejet massif et spontané de cette politique et de ce régime à se transformer en une force irrésistible. A défaut, les conditions pourraient être réunies par ce pouvoir minoritaire pour museler impitoyablement toute révolte, toute opposition à sa politique. Il est encore temps d’inverser le cours des choses.

Pour discuter et s’organiser sur cette orientation, plusieurs groupes (CLSRD, Le Militant, le CCI(T), La Commune* ) appellent à une réunion le samedi 21 avril de 14h à 18H, à l’AGECA à Paris. APS invite ses lecteurs à y participer.

* La Commune n'est pas signataire de l'appel référencé ici mais cherche à poursuivre avec les trois autres groupes, comme avec tous les militants disponibles à cet effet, dans la recherche d'un débouché politique qui vise à virer la droite et aller vers un gouvernement des travailleurs.