04 juin 2007

Supplément du 4 juin 2007 à la Lettre de Liaisons.


SPECIAL LEGISLATIVES

Sarkozy exige, aux législatives de juin, une majorité aux ordres pour adopter dés l'été :

- une loi "détaxant" les heures supplémentaires, c'est-à-dire facilitant encore la possibilité pour les patrons d'imposer des heures supp', submergeant les RTT et préparant la mise en place, pour 2008, du "contrat unique de travail", le licenciement facilité tout au long de la vie ...

- des réductions fiscales massives pour les riches (mais pas pour la TVA supportée par tout le monde) entraînant des coupes dans les dépenses publiques (sauf pour la police, la gendarmerie et l'armée), avec le non remplacement de la moitié des fonctionnaires partant en retraite programmé, donc des vagues destructrices de fermetures de postes, d'écoles, de lits ...

- une loi sur l' "autonomie des universités", alors que celle-ci est déjà "autonome", qui vise à faire fonctionner les universités comme des entreprises, et à les faire financer par les entreprises.

- pour pouvoir contraindre les employés de l'industrie et des services à se plier à la loi patronale, les fonctionnaires et les usagers à voir les postes et les établissements s'étioler, les étudiants à voir programmes, moyens et droits d'inscription se différencier selon les universités, les cheminots et les chauffeurs de locomotives à accepter la liquidation de leurs droits à la retraite (qui ne sont pas un "privilège", mais qui sont l'un des derniers bastions du droit autrefois conquis par tous les travailleurs de partir après 37,5 années), ils vont commencer à mettre en place le "service minimum", première pierre des lois anti-grèves en préparation.

- un arsenal de mesure renforçant les peines, "peines plancher", remplissage assuré des prisons, et programmation de 25 000 expulsions de familles qui ne sont pourtant pas venues en France de gaieté de coeur ...

- et tout de suite l'aggravation du déremboursement des médicaments par la Sécu.

Ce dispositif estival vise à mettre tout le monde devant le fait accompli à la rentrée et à "impliquer" les syndicats dans la mise en oeuvre de la politique de Sarkozy. Ils veulent créer un "choc" (fiscal, social, médiatique, et peut-être aussi guerrier s'ils nous entraînent derrière Washington en Iran ...) qu'ils veulent définitif, sur le modèle de ce que Thatcher avait fait en Grande-Bretagne.

Ils savent, pourtant, qu'ils vont se heurter à la résistante de la majorité -nous disons bien de la majorité, c'est-à-dire la majorité sociale, celle qui ne veut pas de cette politique et de ses conséquences. Ils savent qu'ils ont gagné la présidentielle grâce à la politique des partis "de gauche" et que pour l'instant, ils n'ont pas encore construit une base durable pour leur politique. Ils vont essayer de se la créer.

La première pierre dans l'engrenage, la première chose à faire, le premier acte de la contre-attaque, préparant l'affrontement social inévitable, serait donc de battre Sarkozy aux législatives.

Sur quoi, sur qui, compte Sarkozy pour gagner ses législatives et en faire, non pas des élections législatives, à peine de vraies élections, mais une nomination des groupies du chef suprême par le bon peuple ?

Il est aidé par tout les dirigeants de gauche qui déclarent à l'unisson, à de rares exceptions prés, que le but dans ces élection, c'est de "rééquilibrer", de "construire des contre-pouvoirs", renonçant ouvertement à l'objectif pourtant électoralement réalisable de battre Sarkozy et la droite les 10 et 17 juin !

Cela va de Ségolène Royal qui, renonçant elle-même à se présenter, explique que l'objectif est de former une "opposition" pour qu'elle puisse se représenter dans 5 ans et, comme elle dit, "nous conduire vers d'autres victoires" ... à Arlette Laguiller qui se demande, dans son discours à la fête de LO, "avec l'actuelle constitution et les pouvoirs du président, à quoi bon des députés d'opposition ? ". Ainsi, il y aurait ceux qui ne veulent que des députés d'opposition, et ceux qui n'en veulent même pas ... Unis pour être désunis, d'accord pour perdre !

La classe ouvrière, la jeunesse notamment qui par son vote des 22 avril et 6 mai a déjà massivement rejeté Sarkozy et dont des secteurs ont déjà manifesté depuis, ne peuvent pas l'entendre de cette oreille. Oui, oui, on sait, il s'agit encore une fois de voter pour les mêmes qui ont organisé les défaites ! Mais cette fois-ci c'est en ne votant même pas pour eux que l'on fait leur jeu ! Ne leur permettons pas de perdre.

Le problème est très simple :

- Voulons-nous perturber, empêcher, la mise en route de l'attaque frontale de Sarkozy contre la société, prévue pour cet été ?

- Voulons-nous préparer sérieusement l'affrontement qui aura lieu, effectivement en dehors des échéances électorales, mais non en les ignorant ? OUI ou NON ?


Si oui, alors votons PS, PC, LCR, LO, PT le 10 juin prochain ... et pour celui arrivé en tête parmi eux au second tour du 17 juin.

Et pas une voix ouvrière, pas une voix de jeune pour l'UMP, le FN, le "Nouveau centre" et le "MODEM", ni au premier ni au second tour !