04 juin 2006

Histoire du trotskisme : à vos magnetoscopes !

On nous signale le passage de deux documentaires bientot sur France 2 :

SUR FRANCE 2

Jeudi 8 Juin 2006 à 23H05 : « LE MONDE DES TROTSKYSTES »
Jeudi 15 Juin à 23H05 : « LES TROTSKYSTES DU MONDE »

Documentaire de GUY GIRARD
Sélectionné au FIPA 2006

Complément du samedi 3 juin 2006 :

Quand le supplément télé du Monde (dans les kiosques le samedi 3 juin) annonce la programmation du premier des deux documentaires susmentionnés, le 8 juin prochain sur France 2, c’est pour y adjoindre bien des bêtises en très peu de lignes.

Entre autre l’affirmation que « la classe ouvrière est plutôt en voie d’extinction » complétée par une autre affirmation qui nous dit que « parfois » la lutte des classes reste d’une actualité brûlante … « à Buenos Aires ou à Brasilia ». Et l’auteur de cette présentation de se demander dans ces conditions « qui, aujourd’hui, peut encore se dire trotskiste ? ».

On jugera au visionnage si le reproche du manque de fil conducteur dans la construction du documentaire est justifié. Avant même cet exercice, nous voulons réfuter énergiquement l’assertion de la soit disante extinction de la classe ouvrière et par la même souligner l’actualité de la lutte des classes à travers le monde entier et, par conséquent, l’actualité du trotskisme qui s’est développé dans l’histoire du 20ème siècle comme l’héritier et le continuateur du bolchevisme et du marxisme conséquent, contre la trahison social-démocrate et contre la contre-révolution stalinienne qui a été l’assurance-vie du capitalisme pendant prés de 65 ans.

Le développement de la classe ouvrière est au cœur de l’expansion mondiale sous la forme de l’apparition des dragons asiatiques, de la transformation de la Chine en « atelier du monde du 21ème siècle » comme l’Angleterre le fut lors de la première révolution industrielle, sous la forme de l’industrialisation de nombreux pays émergeants. Corée, Chine, Vietnam, Amérique latine, pays du golfe persique, Inde : la classe ouvrière directement industrielle ne cesse de croître ! Mais qu’en est-il des vieilles puissances industrielles d’Europe ? A la division du travail nationale puis continentale se substitue toujours plus une division du travail mondiale qui rend les travailleurs salariés encore plus objectivement liés à travers les méandres du processus mondialisé de la production matérielle asservie non à la satisfaction des besoins humains mais à la création de plus value.

La classe ouvrière, ce n’est pas que les métallos de Renault et de la Navale et les sidérurgistes de Lorraine, les mineurs, tous passés au laminoir de la restructuration. La classe ouvrière, c’est la « working class » que la langue anglaise exprime bien mieux que l’expression française.

Classe ouvrière : l’informaticien Bac + 5 de SSII que son patron met en concurrence avec l’ingénieur indien. Classe ouvrière : le médecin étranger, précaire méprisé du système hospitalier français, condamné à un moindre salaire à moins de repasser tous ses diplômes. Classe ouvrière : la travailleuse immigrée du nettoyage ou du commerce, que son patron rêve de serrer toujours plus, si possible avec la dernière législation que Sarkozy et l’UMP concoctent pour rendre la vie impossible à des centaines et des centaines de milliers d’étrangers résidents.

Nous pourrions assommer notre lecteur encore longtemps de cette sociologie mondiale, mais on peut faire plus court ! Chaque samedi, dans le même numéro du Monde on peut lire l’éditorial économique d’Eric Le Boucher. Cette chronique 200 % libérale ne cesse de nous parler de valorisation du capital, de performances économiques, de profits…ce qui suppose tout simplement qu’il y ait des travailleurs salariés qui produisent cette valorisation, cette plus-value… Chaque semaine, les appels à la baisse des effectifs de fonctionnaires, à la baisse des dépenses de Sécurité sociale, à la baisse des indemnités chômage, récurrents sous la plume de ce chroniqueur…ne sont que l’expression déformée de ce besoin de pressuriser toujours plus une classe de travailleurs salariés, toujours plus dépendante du salaire car incapable de subvenir à ses besoins autrement que par le recours au travail salarié…Pas besoin de courir à Brasilia pour rencontrer cette fameuse classe qui est la majorité sociale de tous les pays capitalistes avancés et qui le devient chaque jour un peu plus dans les nouveaux pays émergents.

Quant à la lutte de classe : quelques faits de l’actualité immédiate de la semaine suffisent à rappeler sa réalité. Cette semaine, lors de sa visite à Chartres, Galouzeau de Villepin n’a pas pu s’éviter de faire charger la police contre les manifestants qui le conspuaient, après avoir transformé l’agglomération en ville assiégée. Mercredi, le sénateur Jean Arthuis a réclamé dans les colonnes du Parisien une baisse drastique des effectifs de la Fonction publique. Et les salariés de la Sogerma ont maintenu leur mobilisation contre les licenciements. Si cela ne suffit pas comme illustration immédiate de l’existence de la lutte des classes dans un pays hautement développé et civilisé comme la France …laissons le chroniqueur de la rubrique télé du Monde a son parti pris idéologique et allons visiter le blog hébergé par le site du Monde, intitulé Carnet d’un inspecteur du travail qui narre, au jour le jour, les malheurs des salariés dans un monde du travail supposé délivré de la malédiction de la lutte des classes.

L’existence de cette classe se manifeste aussi à travers l’existence du mouvement ouvrier, notamment le syndicalisme. Lorsque Marx a publié le Capital en 1867, il y avait quelques 250.000 syndiqués en Grande Bretagne et quelques autres ailleurs. Aujourd’hui, il y a au moins 165 millions de syndiqués à travers le monde !

Même si ce mouvement ouvrier n’est pas orienté consciemment vers la lutte des classes de façon systématique et méthodique, il n’en demeure pas moins que le mouvement ouvrier, la classe des salariés se retrouvent contraints et forcés d’engager des luttes de classe, à Brasilia comme à Paris (encore un journaliste qui a oublié la lutte contre le CPE et la précarité de ces derniers mois ! Fait-on la sieste à la rédaction du Monde quand l’Histoire avance ?). Le résultat de cette lutte sera d’autant plus favorable à la classe ouvrière qu’une politique socialiste, communiste, révolutionnaire sera au poste de commande.

Et c’est ici que l’histoire des trotskistes, « le monde des trotskistes », se recoupe avec celle de la lutte de la classe ouvrière. Les idées clés développées par Léon Trotsky, lorsque celui-ci se retrouva quasiment seul de la génération des dirigeants bolcheviks qui avaient fait la révolution d’Octobre, à combattre la contre-révolution stalinienne et la réaction capitaliste, ont trouvé leur confirmation dans le cours de l’histoire mondiale.

Depuis que le piolet stalinien a interrompu le combat de Lev Davidovitch, l’ensemble des idées révolutionnaires, des idées du marxisme telles qu’elles avaient commencé à connaître quelque notoriété avec le Manifeste communiste de 1848 ont été confirmées par les faits.

Certes le capitalisme est capable de se développer, d’accroître la richesse matérielle partout à la surface de la planète, mais au prix d’un coût humain terrible, au prix de crises cycliques, de guerres et maintenant de la destruction de l’environnement menaçant la survie à terme de toute forme de vie sur Terre.

Marx et Engels avaient proclamé en jetant les bases de la philosophie matérialiste militante que l’Histoire était celle des luttes de classe, le 20ème siècle a été un siècle de luttes de classe terribles et le 21ème commence à apporter sa part de confirmation à cette loi sociale.

Le but de cette lutte de classe pour les travailleurs ne peut être que la transformation de la société par la conquête du pouvoir par l’immense majorité contre la minorité exploiteuse. Et pour réaliser ce but, il faut séparer le mouvement ouvrier des politiques qui l’enchaînent à la société bourgeoise et le paralysent dans la lutte quotidienne pour la défense immédiate de sa situation matérielle comme dans sa lutte pour de grandes réformes et l’accession au pouvoir de ses partis.

Voila pourquoi, en ce début d’un nouveau siècle, il y a des trotskistes partout sur la planète : de Brasilia à San Francisco, de Buenos Aires à Paris, du Cap à Hong-Kong, de Londres à Melbourne.

Si toutefois, ces « fils du prophète » sont minoritaires dans le mouvement ouvrier, s’ils sont divisés et fragmentés en une infinité de groupes et courants souvent rivaux, cela est le reflet des défaites subies par la classe ouvrière depuis que le stalinisme a clos en 1940 le chapitre de la Révolution russe. Le pullulement des groupuscules fait rire les ignares mais il est comme le processus moléculaire de la formation de la classe, de sa conscience. De l’expérience des luttes de classe viendra une décantation qui ira vers un regroupement conscient de la classe ouvrière, cela s’accompagnera de regroupements des éléments sains de cette multitude de groupuscules. La formation de nouveaux partis ouvriers indépendants de masse ira de pair avec la clarification politique au sein de la mouvance des « trotskistes du monde ».

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